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visage que j’aime tant ; conservez-le tout le plus que vous pourrez : vous auriez peine d’en trouver un pareil. M. de Pompone en est bien persuadé, il ne s’en peut taire. J’aurois vu cette princesse sans le voyage de Pompone. Tout le monde la trouve ici comme vous l’avez représentée. Elle a parlé à Mme de Rarai du mauvais souper qu’elle vous avoit donné à Pierrelatte, mais plus que tout de votre beauté et de votre bonne grâce. Elle est d’une tristesse effroyable. Mme de Montmartre[1] alla prendre possession de son corps à Fontainebleau : elle sera dans une affreuse prison. Elle est suffoquée par toutes les Guisardes.

Mme de Montlouet[2] a la petite vérole : les regrets de sa fille sont infinis ; la mère est au désespoir aussi de ce que sa fille ne veut pas la quitter pour aller prendre l’air, comme on lui ordonne. Pour de l’esprit, je pense qu’elles n’en ont pas du plus fin ; mais pour des sentiments, ma belle, c’est tout comme chez nous, et aussi tendres, et aussi naturels. Vous me dites des choses si extrêmement bonnes sur votre amitié pour moi, et à quel rang vous la mettez, qu’en vérité je n’ose entreprendre de vous dire combien j’en suis touchée, et de joie, et de tendresse, et de reconnoissance ; mais puisque vous croyez savoir combien je vous aime, vous les comprendrez aisément. Le dessous de vos cartes est agréable pour moi. M. de Pompone disoit, en demeurant d’accord que rien n’est général : « Il paroît que Mme de Sévigné aime passionnément Mme de Grignan : savez-vous le dessous des cartes ?

  1. 15. Françoise-Renée de Lorraine de Guise, abbesse de Montmartre, morte à soixante-trois ans, le 5 décembre 1682.
  2. 16. Sur la marquise de Montlouet, voyez tome II, p. 272, note 2. C’était de sa fille, la marquise de Saint-Valleri, qu’elle avait gagné la petite vérole. Voyez les lettres 411, vers la fin, 415, note 16, et celle du 7 août suivant.