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n’y a rien qui ne pique et qui ne soit salé ; il en a envoyé une copie à l’Éminence ; car l’original est gardé comme la châsse.

Adieu, ma très-chère et très-parfaitement aimée, vous êtes si vraie, que je ne rabats rien sur tout ce que vous me dites de votre tendresse ; et vous pouvez juger si j’en suis touchée.


1675

419. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 24e juillet.

Il fait bien chaud aujourd’hui, ma très-chère belle, et au lieu de m’inquiéter dans mon lit, la fantaisie m’a pris de me lever, quoiqu’il ne soit que cinq heures du matin, pour causer un peu avec vous.

Le Roi arriva dimanche matin à Versailles. La Reine, Mme de Montespan et toutes les dames étoient allées dès le samedi reprendre tous leurs appartements ordinaires. Un moment après être arrivé, il alla faire ses visites ordinaires. La seule différence, c’est qu’on joue dans ces grands appartements que vous connoissez. Il y aura pourtant quelque air de naïveté que je ne saurai que ce soir avant que de fermer ma lettre ; car dans le voyage on a pris des manières libres de nommer sans cesse la belle, et toujours comme d’un temps passé qui comportera quelque espèce de régime pour contenter les critiques. Ce qui fait que je suis si mal instruite de Versailles, c’est que je revins hier au soir de Pompone, où Mme de Pompone nous avoit engagés d’aller, d’Hacqueville, Mme de Vins et moi, avec tant d’empressement, que nous n’avons pu ni voulu y manquer. Mme de Pompone n’avoit pas