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Mlle de Bussy à la fin d’août. Je vous demanderai votre procuration au premier jour, et je vous en enverrai le modèle. Cependant parlons de la guerre. Le Roi ne veut pas revenir sans avoir vu une bataille, et je crois qu’il en aura le plaisir, car le prince d’Orange le veut aussi, et Monsieur le Prince, Dieu sait combien[1] ! Il n’y aura point de combat général, à mon avis, entre M. de Turenne et M. de Montecuculi : l’un ne fera pas une assez fausse démarche devant l’autre pour l’obliger de hasarder une bataille ; mais M. de Turenne fera assez s’il empêche le passage du Rhin et la communication de Strasbourg aux Allemands, et je crois qu’il en viendra à bout[2].

Mandez-moi des nouvelles de la belle Madelonne[3] ; je vous assure que je l’aime bien, mais toujours moins que vous.


1675

418. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 19e juillet.

Devinez d’où je vous écris, ma fille : c’est de chez M. de Pompone ; vous vous en apercevrez par le petit mot

  1. 2. Ce morceau est tout différent dans le manuscrit de l’Institut. On peut croire que Bussy l’avait développé après coup, pour flatter le Roi à qui il désirait faire lire ses Mémoires : « Vous savez, je crois, Madame, que le Roi vouloit défendre en personne les lignes de Limbourg, si le prince d’Orange se fût mis en devoir de le secourir. Ne trouvez-vous pas cela beau ? Pour moi, j’en suis charmé ; car enfin ce n’est point un Roi à qui l’on dispute sa couronne : c’est le seul amour de la gloire qui lui fait hasarder sa vie. »
  2. 3. « Et je crois qu’il y réussira, » (Manuscrit de l’Institut.)
  3. 4. Mme de Sévigné et Bussy appelaient souvent Mme de Grignan Madelonne. C’est sans doute une allusion à la belle Maguelonne, l’héroïne du joli roman de Pierre de Provence. Dans une de ses copies, qui appartient à la Bibliothèque impériale et dont nous nous