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gent[1], ils rusent ; mais nous sommes toujours sur la voie ; nous avons le nez bon, et nous les poursuivons toujours.

Si jamais nous les attrapons, comme je l’espère, je vous assure qu’ils seront bien bourrés ; et puis je vous promets encore que suivant le procédé noble des lévriers, nous les laisserons là pour jamais, et n’y toucherons pas. Mais pour faire justice à tout le monde, il faut vous dire en secret que la pauvre Mme du Puy-du-Fou vint hier ici après dîner, toute tremblante et toute fondue en larmes, pour nous témoigner la douleur où elle est du procédé de son frère et de son gendre (elle est opprimée du dernier et se cache de lui, il la tient comme prisonnière), et pour nous offrir enfin de signer aujourd’hui un acte pour notre sûreté, autant qu’elle le peut donner ; et c’est beaucoup, car on croit que l’argent lui appartient. Sa conscience, son honneur et l’amitié qu’elle a pour M. de Grignan, l’ont enfin forcée à faire cette démarche ; mais c’est avec des finesses infinies ; on la fait épier. Je vous manderai la fin de tout ceci : je ne pense pas à quitter

    aîné, Pompone II de Bellièvre, premier président, le nom et le prénom qu’avait portés leur grand-père le chancelier (voyez le contrat du 27 janvier 1669, Notice, p. 328) ; il mourut à soixante-douze ans, le 26 janvier 1683. — Gaston-Jean-Baptiste de Levis et de Lomagne, marquis de Mirepoix, maréchal de la Foi, sénéchal de Carcassonne et de Béziers, gouverneur et lieutenant général des pays et comtés de Foix, d’Onesan et d’Andorre, avait épousé en 1657 Madeleine du Puy-du-Fou, sœur de Marie-Angélique seconde comtesse de Grignan. Il mourut le 6 mai 1687. — Sur les affaires d’intérêt dont il est ici question, voyez la lettre du 21 août suivant. — Sur Mme du Puy-du-Fou, voyez tome II, p. 53, note 6.

  1. 3. Termes de chasse. Se relaisser se dit d’une bête qui, après avoir été longtemps courue, s’arrête de lassitude ; se forlonger signifie que la bête, étant chassée, s’éloigne du pays où elle fait son séjour ordinaire : ce second verbe se dit aussi du cerf quand il a beaucoup d’avance sur les chiens. Bourrés, un peu plus loin, est encore un terme de chasse : il se dit du chien qui en poursuivant le lièvre lui donne un coup de dent et lui arrache du poil.