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d’un grand[1] ; car nous l’avons sollicité. Les princesses de Tingry étoient à l’entrée des juges, et moi aussi, et nous avons été remercier.

C’est dommage que Molière soit mort[2] : il feroit une très-bonne farce de ce qui se passe à l’hôtel de Bellièvre[3]. Ils ont refusé quatre cent mille francs de cette charmante maison, que vingt marchands vouloient acheter, parce qu’elle donne dans quatre rues, et qu’on y auroit fait vingt maisons ; mais ils n’ont jamais voulu la vendre, parce que c’est la maison paternelle, et que les souliers du vieux chancelier[4] en ont touché le pavé, et qu’ils sont accoutumés à la paroisse de Saint-Germain l’Auxerrois ; et sur cette vieille radoterie, ils sont logés pour vingt

    était en différend avec le marquis de Mirepoix (voyez les lettres du 12 juillet et du 21 août suivants) ; et à cette époque c’était la coutume que les parents et jusqu’aux moindres alliés des plaideurs sollicitassent les juges, soit en requérant, pour la forme, leur intervention au procès, soit en se présentant en personne et en corps de famille, le jour de l’audience, sur le passage des magistrats. Voyez le curieux arrêt rendu contre Mme de Coligny en 1684, et inséré par M. Lalanne dans l’appendice du tome VI de la Correspondance de Bussy.

  1. 3. Comparez plus haut, p. 286.
  2. 4. Molière est mort le 17 février 1673.
  3. 5. Au numéro 11 de la rue des Bourdonnais était naguère « la maison des Carneaux, à l’enseigne de la Couronne d’or. C’était un hôtel qui appartenait au duc d’Orléans, frère du roi Jean, lequel le vendit à la famille de la Trémoille, et il devint la maison seigneuriale de cette famille. Reconstruit sous Louis XII, il fut habité par le chancelier Antoine du Bourg et le président de Bellièvre. Cet hôtel était en 1652 le lieu d’assemblée des six corps de. marchands, et c’est là que fut décidée la reddition de Paris à Louis XIV. Il a été récemment détruit ; mais sa principale tourelle. a été transportée au palais des Beaux-Arts. » (M. Lavallée, Histoire de Paris, tome II, p. 245.)
  4. 6. Pompone I de Bellièvre, mort en 1607, grand-pere de Mme du Puy-du-Fou. Voyez son Historiette dans Tallemant des Réaux, tome I, p. 465 et suivantes.