Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/514

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 508 —

très-malade ; elle dit à Monsieur : « Hélas ! Monsieur, j’ai vu ce matin son visage : il est fait comme un vrai stratagème[1]. » Cela est plaisant : que vouloit-elle donc dire ? Mme de Richelieu a reçu des lettres du Roi, si excessivement tendres et obligeantes, qu’elle doit être plus que payée de tout ce qu’elle a fait[2].

Adieu, ma très-chère et très-parfaitement aimée. J’attends demain de vos nouvelles, et je vous embrasse très-tendrement.


1675

415. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 10e juillet.

Je suis, je vous assure, au désespoir de l’inquiétude que vous avez eue de ma santé : hélas ! ma belle, vous ne pensez à autre chose, et votre raisonnement est fait exprès pour vous donner du chagrin. Vous dites que l’on vous fait un mystère de ma saignée ; mais de bonne foi, je ne suis point malade, je n’ai point eu de vapeurs ; je plaçai ma saignée brusquement, selon le besoin de mes affaires plutôt que sur celui de ma santé ; je me sentois un peu plus oppressée : je jugeai bien qu’il falloit me saigner avant que de partir, afin de mettre cette saignée par provision dans mes ballots. Monsieur le Cardinal, que j’allois voir tous les jours, étoit parti : je vis cinq ou six jours de repos, et au delà j’entrevis l’affaire de M. de Bellièvre[3] ; je voulois m’y donner tout entière, et à la solli-

  1. 4. Mme de Sévigné se ressouvint longtemps après de cette expression ridicule. Voyez la lettre du 25 mars 1689.
  2. 5. Elle avait contribué à rapprocher la Reine de Mme de Montespan.
  3. Lettre 415. — 1. Voyez la note 2 de la lettre suivante et la lettre du 21 août. — Tout le premier paragraphe de notre no 415 manque dans l’édition de 1734.