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ma fille, c’est-à-dire à sa mode ; mais sa mode est bonne : il ne me parut aucun interligne à tout ce qu’elle disoit.

Il n’y a point de nouvelles. Le bonheur du Roi a fait repasser la Meuse au duc de Lorraine et au prince d’Orange ; M. de Turenne a ses coudées franches : de sorte que nous ne sommes plus pressés d’aucun endroit. Je crois que vous l’êtes un peu de la Toscane[1] ; elle doit être passée présentement.

Je suis ravie que vous aimiez mes lettres : je ne pense point qu’elles soient aussi agréables que vous le dites ; mais il est vrai que pour figées[2], elles ne le sont pas. Notre bon cardinal est dans sa solitude ; son départ m’a donné de la tristesse et m’a fait souvenir du vôtre. Il y a longtemps que j’ai remarqué nos cruelles séparations aux quatre coins de la terre. Il fait un froid horrible : nous nous chauffons, et vous aussi, ce qui est une bien plus grande merveille. Vous jugez très-bien de Quantova : si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera son autorité et sa grandeur au delà des nues ; mais il faudroit qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule. En attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la

    (voyez tome I, p. 450, note 8). D’après une lettre citée par Walckenaer (tome V, p. 461), elle dut être mariée au commencement de l’année précédente (1674). « Elle avait épousé Jean de la Garde d’Agault, bon gentilhomme de Provence, d’abord chevalier puis marquis de Vins, brigadier et ensuite lieutenant général des armées du Roi, et proche parent des Grignan. Il fut chargé (cette année même : lettre du 31 juillet suivant), comme lieutenant des mousquetaires, de conduire des troupes en Bretagne. » Voyez Walckenaer, tome V, p. 346 et suivantes. — Mmes de Pompone et de Vins étaient-elles par leur mère (une Rouillé) parentes de l’intendant de Provence, Rouillé de Mêlai ?

  1. 2. La Grande-Duchesse. Voyez la note 2 de la lettre suivante.
  2. 3. Comparez tome II, p. 489.