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dit Philomèle[1] : mais quand on ne sauroit trouver un lieu qui ne fasse souvenir, ou qu’on porte constamment le souvenir avec soi, on est à plaindre. Je suis persuadée que Son Éminence ne nous oubliera de longtemps.

Il y a des endroits de vos lettres si aimables et si pleins de tendresse pour moi, que je n’ose entreprendre d’y répondre : je ne me vante que de les bien sentir et d’en connoître le prix infini.

Vous m’avez bien représenté Mlle de la Chaire[2]. Je la vois d’ici avec ses vers. Il falloit une religieuse et un aumônier. La sœur de Mme de Coulanges qui n’avoit jamais vu de carrosse ni de rivière ! M. de Coulanges a lu sa part dans ma lettre ; il aimeroit mieux paître ses ouailles à Grignan ; mais il ne sait de quel côté il tournera. Il n’oubliera pas l’épitaphe. Hélène baise précisément la plante de vos pieds ; mais je crains qu’elle ne vous chatouille[3].

  1. 18. Dans la fable de la Fontaine Progné engage Philomèle à la suivre dans les villes, à quitter les bois, dont la vue lui rappelle sans cesse les outrages de Térée, et Philomèle répond :

    Et c’est le souvenir d’un si cruel outrage
    Qui fait… que je ne vous suis pas :
    En voyant les hommes, hélas !
    Il m’en souvient bien davantage.

    (Livre III, fable xv, Philomèle et Progné. Ce livre III avait paru avec cinq autres en 1668.)

  2. 19. Ne faut-il pas lire : « Mlle de la Charce ? » Voyez la lettre du 9 septembre suivant.
  3. 20. Dans ce paragraphe, qui ne nous a été conservé que par l’édition de la Haye (1726), il semble que Mme de Sévigné touche rapidement à divers points de la lettre de sa fille. Il faudrait avoir cette lettre pour comprendre ces lignes sans liaison.