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je tiens ferme dans mon opinion, c’est parce qu’assurément la raison est de mon côté. J’en fais juge qui vous voudrez ; vous n’avez qu’à nommer. En attendant, je n’en parlerai point, car je croirois vous faire tort. En tout cas, c’est à M. de Grignan que Monsieur le Cardinal la donne. Je crois qu’elle est partie de Commerci ; je la remettrai dans le ballot avec votre ouvrage.

Le Coadjuteur a bien ri des camaïeux de peinture que vous comparez à l’histoire de France en madrigaux[1] Il a trouvé aussi fort plaisant tout ce que vous dites de lui et de l’agent[2]. Vous ne sentez pas l’agrément de vos lettres ; il n’y a rien qui n’ait un tour surprenant.

Nous avons bien compris votre réponse au capucin : « Mon père, qu’il fait chaud ! » et nous ne trouvons pas que de l’humeur dont vous êtes, vous puissiez jamais aller à confesse. Comment aller parler à cœur ouvert à des gens inconnus ? c’est tout ce que vous pouvez faire à vos meilleurs amis : nous entendions d’ici votre ré-

  1. 6. En 1652, il avait paru une Histoire de France, depuis Pharamond jusqu’à Louis XIV, avec les éloges des Rois en vers, réduite en sommaire (par de Prade), in-4o.
  2. 7. L’abbé de Grignan, agent général du clergé. — Les grandes assemblées, ou assemblées générales du clergé, où chaque province envoyait quatre députés, deux du premier ordre et deux du second, se tenaient de dix ans en dix ans ; les petites assemblées, ou assemblées de comptes, où il n’y avait que deux députés de chaque province, se tenaient de cinq ans en cinq ans. Celle de 1675 était une assemblée générale. Le Coadjuteur y siégeait pour la province d’Arles, à la place de l’évêque de Toulon, décédé : voyez la lettre du 5 juin précédent, p. 466, note 10. Tous les cinq ans aussi les provinces élisaient à tour de rôle deux agents généraux du clergé, toujours choisis dans le second ordre. Cette année-là l’un des deux agents fut l’abbé Louis-Joseph de Grignan, nommé par la province d’Arles ; l’autre, l’abbé Louis-Alphonse de Valbelle, aumônier ordinaire du Roi, nommé par la province d’Embrun : voyez p. 380, la lettre 372, note 13.