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M. de la Rochefoucauld m’a fort priée de vous assurer de son service ; Mme de la Fayette vous embrasse. Nous craignons bien que vous n’ayez tout du long Madame la Grande-Duchesse[1]. On lui prépare ici une prison à Montmartre, dont elle seroit effrayée, si elle n’espéroit point de la faire changer ; c’est à quoi elle sera attrapée : ils sont ravis en Toscane d’en être défaits. Mme de Sully est partie : Paris devient fort désert ; je voudrois déjà en être dehors. Je dînai hier avec le Coadjuteur chez Monsieur le Cardinal ; je le chargeai de vous faire l’histoire ecclésiastique[2]. Monsieur Joli[3] prêcha à l’ouverture[4] ; mais comme il ne se servit que d’une vieille évangile[5] et qu’il

  1. 5. Marguerite-Louise d’Orléans, fille de Gaston, duc d’Orléans, et de Marguerite de Lorraine, sa seconde femme. Elle avait été mariée le 19 avril 1661 à Côme III de Médicis, grand-duc de Toscane en 1670 ; elle mourut à Paris, deux ans avant Côme III, le 17 septembre 1721, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Voyez la lettre du 3 juillet suivant. « Madame la Grande-Duchesse avoit été fort belle, et très-bien faite et grande : on le voyoit bien encore ; bonne et peu d’esprit, mais arrêtée en son sens sans pouvoir être persuadée… Elle vécut fort mal avec le Grand-Duc, dont la patience et les soins pour la ramener furent continuels… Après avoir eu ces enfants (un aîné mort longtemps avant son père ; Jean-Gaston, le dernier des Médicis ; et l’électrice Palatine), la Grande-Duchesse redoubla d’humeur exprès, et de conduite étrange en Italie, avec tant d’éclat que le Roi y mit la main par ses envoyés (entre autres par l’évêque de Marseille en 1673)… Elle en fit tant que le Grand-Duc consentit enfin à son retour en France, mais sous des conditions qui lui donnèrent plus de contrainte qu’elle n’en auroit eu à Florence… » (Saint-Simon, tome XVIII, p. 186, 187.) Voyez aussi les Mémoires de Mademoiselle, tomes III, p. 507 et suivantes ; IV, p. 348 et suivantes, 520 et suivantes.
  2. 6. C’est-à-dire l’histoire de l’assemblée du clergé de France.
  3. 7. Evêque d’Agen.
  4. 8. L’ouverture solennelle de l’assemblée se fit le 7 juin, à Saint-Germain, par la messe du Saint-Esprit. Après une séance préparatoire, tenue à l’archevêché de Paris le 25 mai, le clergé était allé siéger le 29 à Saint-Germain, dans la salle du château neuf.
  5. 9. Tel est le texte de notre copie et de l’édition de Rouen (1726). Le Dictionnaire de l’Académie de 1694 dit que le mot est masculin et