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cent mille francs et une pension de six mille francs en faveur du mariage[1]. Vous voyez donc que ces brevets si rares se donnent quelquefois.

J’étois hier au soir avec Mme de Sanzei et d’Hacqueville : je vis entrer Vassé[2] ; nous crûmes que c’étoit son esprit, c’étoit son corps très-maléficié. Il est ici incognito, et vous fait mille et mille compliments. J’ai regret aux trois semaines que vous pouviez passer avec M. le cardinal de Retz, qui ne part que samedi. J’admire comme jour à jour, et toujours triste, le temps s’est passé depuis votre départ. Vous ai-je mandé que Monsieur le Duc a encore perdu un fils[3] ? Ce sont deux enfants en huit jours.


Je reçois votre lettre de Grignan du 5e ; elle m’ôte l’inquiétude de votre santé. Vous dites une chose bien vraie, et que je sens à merveille, c’est que les jours qu’on n’attend point de lettres ne sont employés qu’à attendre ceux qu’on en reçoit. Il y a un certain degré dans l’amitié où l’on sent toutes les mêmes choses ; mais vous souhaitez de vos amis une tranquillité qu’il est bien difficile de vous promettre : vous ne voulez point qu’ils vous servent,

    d’abord à ce mariage ; mais il finit par donner son consentement. On fit ce couplet à cette occasion :


    Épouse, ou bien n’épouse pas,
    De ta charge il te faut défaire :
    Une femme, avec tant d’appas,
    Donne au logis assez d’affaire ;
    Renonce à la porte du Roi,
    Et te fais portier de chez toi.

  1. 3. On lit dans le manuscrit : « une pension de cent mille francs en mariage. »
  2. 4. Voyez la lettre du 9 octobre suivant.
  3. 5. Henri, comte de Clermont, était mort le 6 juin, à l’âge de trois ans, à l’hôtel de Condé. Voyez la lettre du 26 juin, p. 497.