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gloise[1] et Montallais[2] ; en même temps, voilà Montallais

    fût Limousin, ni quel autre trait de ressemblance il pouvait avoir avec M. de Pourceaugnac.

  1. 17. C’était une Écossaise, appelée Mlle Stuart, mais que sa grand’mère, Mme de Belfond, avait élevée à la cour d’Angleterre, jusqu’à seize ou dix-sept ans. Ayant à cet âge perdu Mme de Belfond, « son père et sa mère lui mandèrent qu’il falloit qu’elle retournât en Écosse, son pays. Elle, qui aimoit la cour et son plaisir, n’y vouloit point aller… d’autant plus que le Roi l’aidoit dans le desir qu’elle avoit de ne point quitter… » (Lettre de Marguerite Périer.) C’est alors que, pour échapper à ses parents, elle prit le ridicule parti de s’enfuir en France. « Mme de la Houssaye… me conta par quelle aventure elle avoit trouvé cette belle Angloise… dont la beauté fit beaucoup de bruit dès qu’elle parut à la cour. Elles venoient toutes deux à Paris dans les carrosses de Rouen, et s’étant rencontrées à la dînée. elle lui proposa de passer dans son carrosse, où elle seroit avec plus de bienséance. Elle lui dit qu’elle la vouloit loger à Paris avec une demoiselle de ses amies, qui avoit une inclination particulière pour l’Angleterre… Ainsi elle la mena à Mlle de Montallais, qui la reçut agréablement, et elles se sont tellement" attachées depuis l’une à l’autre, qu’elles paroissent inséparables. On a parlé diversement des causes de son départ d’Angleterre :on a même cru qu’elle fuyoit une cour où elle craignoit que le Roi ne la trouvât trop à son gré ; mais quoi qu’il en soit (c’est un secret qu’elle semble n’avoir dit à personne), elle a toujours paru très-sage en la nôtre, et ne s’y est même guère montrée, quoique sa beauté et sa naissance l’y eussent fait considérer selon son mérite. » (Mémoires de l’abbé Arnauld, tome XXXIV, p. 356, 357.) Mlle Stuart aurait pu tomber en de meilleures mains ; il paraît cependant que Mlle de Montallais elle-même aida à sa conversion, qu’entreprit avec un grand zèle l’abbé de Montagu (l’ancien lord). Elle abjura sept mois après notre lettre (le jour des Rois 1676). Plus tard elle refusa une riche mésalliance, et encouragée par le P. de Sainte-Marthe, de l’Oratoire, elle entra aux Carmélites, où Mme de Sévigné la vit le 4 janvier 1680 (lettre du 5), où elle fit profession le 30 mai de cette dernière année, et où elle mourut le 20 juin 1722. M. Cousin a le premier fait connaître son histoire ; voyez ce qu’elle-même en a raconté à Marguerite Périer, la nièce de Pascal, dans une lettre de celle-ci, publiée à l’appendice du tome 1 de Madame de Longueville, p. 379-383 ; voyez encore p. 372 du même ouvrage.
  2. 18. Cette intrigante fille d’honneur de Madame Henriette d’Angleterre. Voyez tome II, p. 179, note 3.