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nous brillerions, et il faudroit que l’on comptât avec nous quand on auroit de grandes affaires sur les bras ; mais en France il y a tant de gens de mérite, et beaucoup plus qui ont apparence d’en avoir, que ceux qui en ont un véritable ne sont distingués bien souvent que par la fortune ; quand elle leur manque, on les laisse chez eux, pendant qu’on gagne des batailles avec toutes sortes de gens mêlés[1].

Ma charge est remplie par un galant homme ; il a de la naissance et du mérite, et celui auquel il succède[2] n’avoit que du courage et de la faveur. Je lui viens d’écrire comme à mon ami et à mon allié[3].

Aussitôt après la nouvelle du combat de Senef, j’écrivis au Roi, et je lui offris mes services[4]. Toutes mes honnêtetés et ma bonne conduite[5] sont des œuvres mortes,

  1. 3. « Mais en France il y a tant de gens de mérite, que le Roi peut se passer aisément de ceux qui en ont et qui lui ont déplu. » (Manuscrit de l’Institut.) — Dans notre copie de lettres on a effacé la fin de la phrase, depuis : « et beaucoup plus… » et une autre main y a substitué, entre les-lignes, ce peu de mots : « qu’il n’est pas surprenant qu’on en oublie quelques-uns. » Avant d’effacer, on avait ajouté, en interligne aussi, fort bien et sans eux : « pendant qu’on gagne fort bien des batailles sans eux. »
  2. 4. « Ma charge est remplie d’un homme de mérite et de naissance. Celui à qui il a succédé n’avoit, etc. » (Manuscrit de l’Institut.)
  3. 5. La lettre de Bussy au marquis de Renel est datée du 28 août (voyez la Correspondance, tome II, p. 389). Elle se termine par un retour que Bussy fait sur lui-même : « Je souhaite… que cette charge vous procure les honneurs et les établissements qu’elle doit faire avoir aux gens qui ne sont pas malheureux. »
  4. 6. Dans notre copie de lettres on a ajouté ici, entre les lignes : « Je vous envoie ma lettre, » et dans le manuscrit de l’Institut : « Je vous envoie la copie de cette lettre. » — Elle est datée du 20 août et se trouve, dans l’édition de 1697, au tome I, p. 150, et dans la Correspondance, au tome II, p. 444, 445.
  5. 7. Dans le manuscrit de l’Institut : « Tout mon zèle et toute ma bonne conduite… » et un peu plus loin : « … me tournera un jour