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prenant congé du Roi, lui dit : « Sire, je souhaite à Votre Majesté une bonne santé, un bon voyage et un bon conseil. » Le Roi appela M. le maréchal de Villeroi et M. Colbert, et leur dit : « Écoutez ce que Monsieur le Premier me souhaite. » Le maréchal répondit de son fausset : « En effet, Sire, tous les trois sont bien nécessaires. » Je supprime la glose.

Je veux parler aussi de Mme la duchesse de la Vallière. La pauvre personne a tiré jusqu’à la lie de tout, elle n’a pas voulu perdre un adieu ni une larme : elle est aux Carmélites, où, huit jours durant, elle a vu ses enfants[1] et toute la cour, c’est-à-dire ce qui en reste[2]. Elle a fait couper ses beaux cheveux, mais elle a gardé deux belles boucles sur le front ; elle caquète et dit merveilles. Elle assure qu’elle est ravie d’être dans une solitude ; elle croit être dans un désert, pendue à cette grille[3]. Elle nous fait souvenir de ce que nous disoit, il y a bien longtemps, Mme de la Fayette, après avoir été deux jours à Ruel[4], que pour elle, elle s’accommoderoit parfaitement bien de la campagne.

    « ce Caton, » tome II, p. 185, note 3 ; la lettre du 19 août 1675 ; et la fin de la lettre du 3 juillet 1676.

  1. 4. Mademoiselle de Blois et le comte de Vermandois. Voyez plus haut, p. 358, note 18, et p. 365, notes 10 et 11.
  2. 5. Le Roi était parti, comme nous l’avons dit, le 19 avril, pour se rendre dans le comté de Bourgogne. La Reine et le Dauphin l’avaient accompagné. Monsieur était parti le 28 pour aller le rejoindre.
  3. 6. Environ un mois après, le dimanche 3 juin, Mme de la Vallière prit l’habit ; elle fit profession le 4 juin de l’année suivante. Voyez la lettre du 5 juin 1675, et le chapitre v du tome V de Walckenaer.
  4. 7. Sur les bords de la Seine, entre Saint-Germain et Paris ; Richelieu y eut sa résidence d’été, et après lui sa nièce la duchesse d’Aiguillon. « L’art régnait à Ruel, » dit M. Cousin. Voyez Madame de Longueville, tome I, p. 162 et suivantes.