Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 399 —

1674


sassine, et je ne sais que répondre. M. de Pompone vous souhaite fort et voit plus que nous la nécessité de votre présence. Il tâchera de ne point parler de l’affaire de l’hôtel de ville que vous ne soyez ici ; mais nous ne voulons point la traiter comme si c’étoit la vôtre. Il n’en faut pas tant à la fois. M. d’Oppède est ici, je ne crois pas qu’il me vienne voir. Son mariage a été renoué, après avoir été rudement ébranlé. On attend ici l’Évêque. J’ai eu la copie de la lettre du Roi, qu’il a envoyée à une de ses amies et des miennes à Paris. Vous voyez par là que si vous pouvez obtenir qu’il ne fasse des copies que sur du papier marqué, vous aurez un revenu très-considérable.

Je ne pense qu’à vous et à votre voyage : si je reçois de vos lettres, après avoir envoyé celle-ci, soyez en repos ; je ferai assurément tout ce que vous me manderez.

Je vous écris aujourd’hui un peu plus tôt qu’à l’ordinaire. M. Corbinelli et Mlle de Méri sont ici, qui ont dîné avec moi. Je m’en vais à un petit opéra de Mollier[1],

  1. 3. Toutes les éditions portent Molière, mais c’est Mollier qu’il faut lire. — Louis de Mollier, officier de la musique de la chambre et de la chapelle du Roi, mourut le 18 avril 1688. On trouve dans les registres de la paroisse de Saint-Eustache un acte de décès et un acte de mariage signés de lui. Ce dernier acte prouve qu’il était, comme le dit notre lettre, beau-père d’Itier ; c’est celui du mariage du musicien Charles le Camus, avec Marie-Angélique Itier, fille de Léonard Itier, aussi musicien de la chambre du Roi, et de Marie-Blanche de Molière. Le nom, comme l’on voit, est écrit de la même façon qu’il l’était jusqu’ici dans les éditions de Mme de Sévigné ; mais la signature est « de Mollier, grand-père de la mariée, » Louis de Mollier était poëte et musicien. En outre, on le voit figurer comme danseur dans plusieurs ballets du Roi, et les éditions de ces ballets, de 1648 à 1655, lui donnent indifféremment les noms de Molier et de Molière. Il a composé la musique de certains ballets dans lesquels Louis XIV a dansé, et il paraît avoir particulièrement réussi, dit Walckenaer (tome V, p. 128), dans de petits opéras, « dont l’abbé Tallemant