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de votre description de la Sainte-Baume ; il le sera encore de votre seconde lettre. On ne peut pas mieux écrire sur une affaire, ni plus nettement ; je suis très-assurée que votre lettre obtiendra tout ce que vous souhaitez ; vous en verrez la réponse ; je n’écrirai qu’un mot, car en vérité, ma bonne, vous n’avez pas besoin d’être secourue dans cette occasion ; je trouve toute la raison de votre côté ; je n’ai jamais su cette affaire par vous ; ce fut M. de Pompone qui me l’apprit comme on lui avoit apprise ; mais il n’y a rien à répondre à ce que vous m’en écrivez, il aura le plaisir de le lire. L’Évêque témoigne en toute rencontre qu’il a fort envie de se raccommoder avec vous : il a trouvé ici toutes choses si bien disposées en votre faveur, que cela lui fait souhaiter une réconciliation, dont il se fait honneur, comme d’un sentiment convenable à sa profession. On croit que nous aurons, entre ci et demain, un premier président de Provence.

Je vous remercie de votre relation de la Sainte-Baume et de votre jolie bague ; je vois bien que le sang n’a pas bien bouilli à votre gré[1]. Madame la Palatine eut une fois la même curiosité que vous ; elle n’en fut pas plus satisfaite ; vous ne m’ôterez pas l’envie de voir cette affreuse grotte ; plus on y a de peine, et plus il y faut aller ; et au bout du compte, je ne m’en soucie point du tout. Je ne cherche que vous en Provence ; ma pauvre bonne, quand je vous aurai, j’aurai tout ce que je cherche.

  1. Lettre 269 (revue sur une ancienne copie). — 1. D’après une antique tradition, sainte Madeleine avait apporté en Provence un vase plein du sang qu’elle avait recueilli sur le Calvaire pendant qu’il coulait des plaies de Jésus-Christ. Ce vase était gardé dans le couvent des dominicains de Saint-Maximin, et « jusqu’à présent, dit le P. Guesnay, au livre II de sa Massilia gentilis et christiana (1657), nous y voyons tous les ans, le jour du vendredi saint, après la lecture de la Passion, le sang se liquéfier et bouillonner comme s’il venoit seulement d’être versé. » —Voyez plus haut, p. 28, et plus bas, p. 62.