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je suis assurée que vous m’aimez tendrement ; mais vous êtes cruelle de recevoir avec tant de chagrin des riens que je donne à mes pichons. Je vous prie de n’en plus parler, et de songer que toute ma cassette ne valoit pas un des petits chariots que le Coadjuteur leur a donnés : voilà qui est donc fini, et qu’il n’en soit point question, s’il vous plaît, dans ma tutelle[1]. C’est tout de bon que je m’en vais la rendre ; mais je crains vos chicanes : vous trouverez à dire à tout, et M. de Grignan ne songe, à l’heure qu’il est, qu’à me plaider : je vous connois tous deux ; le bien Bon en tremble, et se prépare à recevoir un affront : il meurt d’envie que vous soyez ici. Je l’aime de tout mon cœur, car tout roule là-dessus. M. de la Garde est plus que jamais persuadé que vous ferez tous deux des merveilles ici. Il voudroit aussi bien que moi que le Coadjuteur fût du voyage ; cela seroit digne de son amitié, et achèveroit tout ce qu’il a si bien fait à Lambesc : il a des amis et de la considération ; il parle aux ministres ; il est hardi, il est heureux ; enfin je vous en écrivis l’autre jour amplement. Nous fîmes le discours que M. de Grignan doit faire au Roi ; il a un style propre pour plaire à Sa Majesté, c’est-à-dire doux et respectueux ; le vôtre sera un peu plus animé : enfin nous prîmes tous vos tons, et nous trouvâmes que cela composoit ce qui est nécessaire et ce qu’on peut souhaiter.

Vous savez bien que Monsieur le Prince est revenu, et que voilà qui est fait. J’attends mon fils à tout moment. Vous savez ce vol qu’on a fait dans la chapelle de Saint-Germain. On m’a assuré que le Roi savoit qui c’étoit ; qu’il

    enflés et vides ; que dans les derniers il n’est rien de superflu, dans les premiers rien de judicieux ni de modéré… Ils (les premiers) ont fait du circuit pour des choses droites et ont périphrasé ce qui avoit son mot propre, et cette manière leur est demeurée. »

  1. 3. Voyez la lettre du 27 novembre précédent, p. 292.