1674
vous étiez partie, et qu’il falloit revenir. Nous fûmes ensuite chez Mme Colbert, qui est extrêmement civile, et sait très-bien vivre. Mademoiselle de Blois dansoit : c’est un prodige d’agrément et de bonne grâce ; Desairs[1] dit qu’il n’y a qu’elle qui le fasse souvenir de vous ; il me prenoit pour juge de sa danse, et c’étoit proprement mon admiration que l’on vouloit : elle l’eut en vérité tout entière[2]. La duchesse de la Vallière y étoit ; elle appelle sa fille Mademoiselle, et la princesse l’appelle belle maman. M. de Vermandois[3] y étoit aussi. On ne voit point encore d’autres enfants[4].
Nous allâmes voir Monsieur et Madame. Monsieur vous fait toujours mille honnêtetés ; je lui fais toujours vos très-humbles remerciements. Je trouvai Vivonne qui me dit : « Maman mignonne, embrassez, je vous prie, le gouverneur de Champagne[5]. — Et qui est-il ? lui dis-je. — Ma foi ! c’est moi, dit-il. — Et qui vous l’a dit ? — C’est le Roi qui vient de me le dire tout à l’heure. » Je lui en fis mes compliments tout chauds. Madame la Comtesse[6] l’espéroit pour son fils. On ne parle point d’ôter les sceaux à Monsieur le chancelier[7]. Le bonhomme fut
- ↑ 9. Maître à danser ?
- ↑ 10. C’est de Mademoiselle de Blois que la Fontaine disait, après l’avoir vue danser en 1689 :
L’herbe l’auroit portée, une fleur n’auroit pas
Reçu l’empreinte de ses pas.(Le Songe, tome VI, p. 200 de l’édition de Walckenaer.) - ↑ 11. Le frère puîné de Mademoiselle de Blois, Louis de Bourbon, né le 2 octobre 1667, mort en 1683.
- ↑ 12. Voyez la note 18 de la lettre du 1er janvier précédent.
- ↑ 13. Ce gouvernement vaquoit par la mort d’Eugène-Maurice de Savoie, comte de Soissons, arrivée le 7 juin 1673. (Note de Perrin.)
- ↑ 14. La comtesse de Soissons.
- ↑ 15. M. d’Aligre. Voyez la note 29 de la lettre 368, et plus haut, p. 39, note 11.