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pétence[1] ; sa fortune est faite. Monsieur a mieux aimé lui donner la charge de capitaine de ses gardes, qu’à Mlle de Grancey celle de dame d’atour. Ce jeune homme a donc la charge de Vaillac, et seroit un fort bon parti. On dit que Vaillac prend celle de d’Albon[2], et que d’Albon sort ; mais rien n’est sûr que le premier article, sur lequel je ne veux pas dire un mot davantage.

Je fus voir l’autre jour la pauvre Mme Matharel[3] ; elle pensa fondre en larmes : pietoso pianse al suo pianto[4].

Je vous ai mandé la fin de nos états, et comme ils ont racheté les édits de deux millions six cent mille livres, et autant pour le don gratuit : c’est cinq millions deux cent mille livres ; et nous avons percé la nue du cri de Vive le Roi ! nous avons fait des feux de joie, et chanté le Te Deum de ce que Sa Majesté a bien voulu prendre cette somme.

La pauvre Sanzei a la rougeole bien forte ; c’est un feu qui passe vite, mais qui fait peur par la violence dont il est. Je ne vois point bien par où[5] l’on peut demander la grâce de cet honnête homme qui a assassiné son fils ;

  1. 28. C’est le texte des éditions de 1726. Dans celle de 1754, la seule de Perrin qui donne ce passage, on lit : « en concurrence. »
  2. 29. Gilbert-Antoine, comte d’Albon, chevalier d’honneur de Madame. Il était chef de la branche aînée de sa famille (le maréchal de Saint-André l’avait été d’une branche cadette) ; il avait épousé le 2 août 1644 Claude Bouthillier, fille de Denis, seigneur de Rancé, sœur de l’abbé de la Trappe, et déjà veuve de René d’Averton, comte de Belin ; il mourut en 1680, et sa femme en 1697.
  3. 30. Marie Lesecq, femme de Louis Matharel, trésorier des états de Bourgogne. Voyez la lettre du 8 juillet 1676.
  4. 31. Miséricordieux il pleura à (la vue de) ses pleurs. — La stance xvi du VIIe chant de la Jérusalem délivrée se termine par ce vers :

    Il pietoso pastor pianse al suo pianto.

  5. 32. « Je ne vois point lieu par où… » (Éditions de 1726.)