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1674

Mme de Rochefort[1]. Les filles ne servent plus, et Mme de Richelieu[2] ne servira plus aussi. Ce seront les gentilshommes-servants et les maîtres d’hôtel, comme on faisoit autrefois. Il y aura toujours derrière la Reine Mme de Richelieu, et trois ou quatre dames, afin que la Reine ne soit pas seule de femme. Brancas est ravi de sa fille[3], qu’on a si bien clouée.

Le grand maréchal de Pologne[4] a écrit au Roi que s’il vouloit faire quelqu’un roi de Pologne, il le serviroit de ses forces ; mais que s’il n’a personne en vue, il lui demande sa protection. Le Roi la lui donne ; mais on ne croit pas qu’il soit élu, parce qu’il est d’une religion contraire au peuple[5].

La dévotion de la Marans est toute des meilleures que vous ayez jamais vues : elle est parfaite, elle est toute divine ; je ne l’ai point encore vue, je m’en hais. Il y a une femme qui a pris plaisir à lui dire que M. de Longueville avoit une véritable tendresse pour elle, et surtout une estime admirable, et qu’il avoit prédit que quelque jour elle seroit une sainte. Ce discours dans le commencement lui a si bien frappé la tête, qu’elle

  1. 13. Voyez tome II, p. 37, note 1, et p. 511, note 4.
  2. 14. Mme de Richelieu était dame d’honneur de la Reine. Voyez tome II, p. 184, note 2.
  3. 15. La princesse d’Harcourt.
  4. 16. Jean Sobieski, élu roi de Pologne le 20 mai 1674. (Note de Perrin.)
  5. 17. La religion ne pouvait mettre obstacle à l’élection de Sobieski. Il était catholique ; on ne pouvait lui faire aucun reproche d’hérésie ni d’irréligion. Très-vraisemblablement la phrase est altérée et il peut y avoir quelques mots sautés. Peut-être Mme de Sévigné parlait-elle de Georges de Danemark, qui pouvait à ce moment paraître un compétiteur sérieux, qui faisait des offres d’abjuration, qui fut agréé par la reine Éléonore et quelque temps soutenu par l’Empereur. Voyez l’Histoire du roi Jean Sobieski, par M. de Salvandy, tome I, p. 430, 435, 471 et 476.