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jusques ici, de me traverser en toute occasion. J’ai lieu de croire qu’ayant reçu le même ordre que moi, il se résoudra de changer de manière et d’étouffer sincèrement une fois en sa vie les mauvaises intentions dont il n’a pu donner que de foibles marques. Pour moi, Monsieur, qui n’ai jamais fait que me défendre contre ceux qui veulent faire ma charge, vous jugez bien que n’étant plus attaqué, comme je desire plus que toutes choses plaire à Sa Majesté, j’apporterai toute mon application et mes soins à la réunion qu’Elle ordonne. Je regarde comme un bonheur d’avoir pour témoin de ma conduite une personne du mérite et de l’équité de M. Rouillé[1] ; c’est à lui, Monsieur, que vous aurez raison d’ajouter une foi entière, et je suis assuré qu’il ne fera que vous apprendre la suite de tout ce que je viens de vous protester.


1673

364. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, jeudi 28e décembre.

Je commence dès aujourd’hui ma lettre, et je la finirai demain. Je veux traiter d’abord le chapitre de votre voyage de Paris. Vous apprendrez par Janet que la Garde est celui qui l’a trouvé le plus nécessaire, et qui a dit qu’il falloit demander votre congé ; peut-être l’a-t-il obtemu, car Janet a vu M. de Pompone. Mais ce n’est pas, dites-vous, une nécessité de venir ; et le raisonnement que vous me faites là-dessus est si fort, et vous rendez si peu considérable tout ce qui le paroît aux autres

  1. 2. Intendant de Provence. Voyez la lettre suivante et celle du 12 août 1675.