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Mais comment votre fils est-il devenu brun ? Je le croyois blondin, et vous me l’aviez vanté comme tel ! Quoi ? sérieusement il est brun ! ne vous moquez-vous point ? J’ai envie de vous mander que votre fille est devenue blonde. Quoi qu’il en soit, il y a toujours à tous vos enfants la marque de l’ouvrier. Je suis assurée que quand Mme de Senneterre[1] aura fait ses affaires et ses couches, elle ne fera point comme Mme de C***.

Le petit Dubois[2] est parti pour suivre M. de Louvois[3], et je m’aperçois déjà de son absence. Je passai hier à la poste pour tâcher d’y refaire des amis, et voir si Dubois ne m’avoit recommandée à personne. Je trouvai des visages nouveaux, qui ne furent pas fort touchés de mon mérite. Je les priai de mettre mes lettres à part, afin de les envoyer prendre ce matin, à quoi je n’ai pas manqué ; ils m’ont mandé qu’assurément il n’y en avoit pas pour moi. Me voilà tombée des nues : je ne saurois vivre sans vos lettres ; peut-être que vous les aurez adressées à quelqu’un, et qu’elles me viendront demain ; je le souhaite fort, et de pouvoir remettre en train mon commerce de la poste.


1672

267. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 22e avril.

Je reçus votre lettre du 13e justement quand on ne

  1. 8. Voyez la note 6 de la lettre 169.
  2. 9. C’est ce commis de la poste que Mme de Sévigné avoit mis dans ses intérêts pour la diligence et la sûreté de son commerce de lettres avec sa fille. (Note de Perrin.)
  3. 10. Surintendant général des postes et secrétaire d’État de la guerre. (Note du même.)