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bonne conduite qu’elle avoit, et de lui avoir donné un air fort contraire à cette tendresse légitime qui lui seyoit si bien. Hors la maréchale de Gramont, on ne songe déjà plus au comte de Guiche ; voilà qui est fait, le Torrent reprend son cours ordinaire : voici un bon pays pour oublier les gens. La Troche est arrivée, qui vous dit mille belles choses ; écrivez quelque douceur qu’on lui puisse montrer. Je me suis fort louée à Mlle de Scudéry de l’honnête procédé de M. de Péruis[1]. Guitaut a dîné avec moi, et l’abbé, la Troche, Coulanges ; on a bu à votre santé, et l’on a admiré votre politique de vouloir ajouter encore des années aux trois que vous avez été en Provence. C’est une belle chose que de se laisser effacer, oublier dans un lieu où l’on a tous les jours affaire, et d’où l’on tire toute sa considération ; on y veut jouir aussi de celle qu’on a dans son gouvernement, et l’une sert à l’autre ; mais on ne travaille que pour être bien ici.


Je reçois votre lettre du 10e ; il me semble, ma fille, que j’y ai fait réponse par avance, en vous assurant qu’il ne vous viendra rien d’ici qui vous coupe la gorge ; mais que ne finissez-vous promptement ? que ne vous ôtez-vous, et à nous, cette épine du pied ? Nous comprenons

    morceau inédit de la lettre du 8 janvier 1674 semble confirmer cette conjecture, qu’il s’agit de deux personnes de la famille de Gramont.

  1. 6. On voit dans le recueil de l’Assemblée de Provence (année 1675), que M. le baron de Peyruis, premier consul de la ville d’Aix, procureur du pays, fut chargé de porter au Roi les remontrances de cette assemblée. La clef du Grand Cyrus publiée par M. Cousin, dans le tome I de la Société française, donne (p. 368) à Mme des Pennes le titre de baronne de Pervis (il est probable que l’original porte Peruis). Voyez sur cette amie de Mlle de Scudéry, et mère peut-être de celui dont Mme de Sévigné parle dans cette lettre, tome II, p. 212 et les notes.