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pondit brusquement : « Quand est-ce que les galères partiront ? » Je suis fort bien avec ce général ; il ne croit point avoir les Suisses[1] : il avoit dit de son côté, comme moi du mien, que c’étoient des armes parlantes. Mme de la Vallière ne parle plus d’aucune retraite[2] : c’est assez de l’avoir dit ; sa femme de chambre s’est jetée à ses pieds pour l’en empêcher : peut-on résister à cela ?

D’Hacqueville est revenu de poignarder la maréchale de Gramont[3]. Il est tellement abîmé dans la mort du comte de Guiche, qu’il n’est plus sociable : je doute qu’il vous écrive encore aujourd’hui.

La Garde veut toujours que si M. de Grignan ne vient pas, vous veniez à sa place ; et pour cela je vous renvoie à cette magie noire du Coadjuteur dont je vous ai parlé. Vous êtes habile, et vous feriez présentement un autre personnage que celui d’une dame de dix-huit ans.

J’ai ici Corbinelli ; il est échauffé pour vos affaires, comme à Grignan. Nous serons transportés de joie du syndic ; et quand nous l’aurons emporté hautement, on

  1. 10. La charge de colonel général des Suisses et Grisons, vacante depuis le mois de juin précédent par la mort du comte de Soissons. Elle fut donnée au duc du Maine. (Voyez la lettre du 26 janvier suivant). — Non-seulement Vivonne, à en croire Bussy (Correspondance, tome II, p. 316), ne demandait alors et ne souhaitait même aucune nouvelle faveur ; « mais il recevoit encore tous les jours mille dégoûts dans les fonctions de sa charge de général des galères : » il ne dissimulait point le chagrin que lui donnait la fortune de sa sœur. Il n’en obtint pas moins, au mois de janvier suivant (voyez la lettre du 12), le gouvernement de Champagne qu’avait eu également le comte de Soissons. — Les armes parlantes qui terminent la phrase seraient-elles quelque vieille plaisanterie sur le rapport de son des deux mots Suisses et Soissons ?
  2. 11. Elle entra quatre mois après au couvent des grandes Carmélites, et y fit profession en 1675. Voyez la lettre au comte de Guitaut de la fin d’avril 1674.
  3. 12. Voyez la lettre du 8 décembre précédent.