Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 303 —

1673


la voit point. La Louvigny[1] l’est aussi, mais c’est par la raison qu’elle n’est point affligée. N’admirez-vous point le bonheur de cette créature[2] ? La voilà dans un moment duchesse de Gramont. La chancelière[3] est transportée de joie. La comtesse de Guiche[4] fait fort bien, et pleure quand on lui conte les honnêtetés et les excuses que son mari lui a faites en mourant, et dit : « Il étoit aimable ; je l’aurois aimé passionnément s’il m’avoit un peu aimée. J’ai souffert ses mépris avec douleur. Sa mort me touche et me fait pitié. J’espérois toujours qu’il changeroit de sentiments pour moi. » Voilà qui est vrai ; il n’y a point là de comédie. Mme de Verneuil[5] en est véritablement touchée. Je crois qu’en me priant de lui faire vos compliments vous en serez quitte. Vous n’avez donc qu’à écrire à la comtesse de Guiche, et à la Monaco, et à la Louvigny.

Pour le bon d’Hacqueville, il a eu le paquet d’aller à Frazé, à trente lieues d’ici, annoncer cette nouvelle à la maréchale de Gramont[6], et lui porter une lettre de ce

  1. 9. Marie-Charlotte de Castelnau, belle-sœur du comte de Guiche.
  2. 10. Perrin a remplacé les mots : « cette créature, » par « cette dernière. »
  3. 11. La chancelière Seguier, grand’mère de la comtesse de Guiche, était Madeleine Fabri, fille de Jean, seigneur de Champauzé, trésorier de l’extraordinaire des guerres, et de Marie Buatier ; elle mourut à quatre-vingt-cinq ans, le 6 février 1683. Voyez sur elle les médisances ou calomnies de des Réaux, tome III, p. 386 et suivantes, et les notes de M. P. Paris.
  4. 12. Marguerite-Louise-Suzanne de Béthune Sully. — Dans l’édition dite de Rouen, la phrase est ainsi construite : « La comtesse de Guiche fait fort bien quand on lui conte, etc. »
  5. 13. Charlotte Seguier, mère de la comtesse de Guiche, avait épousé en premières noces le duc de Sully, et en secondes noces Henri de Bourbon, duc de Verneuil. Vovez tome IL p. 52. note 1.
  6. 14. Françoise-Marguerite de Chivré, fille d’Hector, seigneur du