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Nous avons enfin vu, la Garde et moi, votre premier président[1] ; c’est un homme très-bien fait, et d’une physionomie agréable. Besons[2] dit : « C’est un beau mâtin, s’il vouloit mordre. » Il nous reçut très-civilement : nous lui fîmes les compliments de M. de Grignan et les vôtres. Il y a des gens qui disent qu’il tournera casaque, et qu’il vous aimera au lieu d’aimer l’Évêque.

Le flux les amena, le reflux les emmène[3].

Ne vous ai-je point mandé que le chevalier de Buous[4] est ici ? Je le croyois je ne sais où. Je fus ravie de l’embrasser ; il me semble qu’il vous est plus proche que les autres. Il vient de Brest ; il a passé par Vitré. Il a eu un dialogue admirable avec Rahuel[5] ; il lui fit dire ce que c’étoit que M. de Grignan, et qui j’étois. Rahuel disoit : « Ce M. de Grignan, c’est un homme de grande condition : il est le premier de la Provence ; mais il y a bien loin d’ici. Madame auroit bien mieux fait de marier Mademoiselle auprès de Rennes. » Le Chevalier se divertissoit fort.

Adieu, ma très-aimable belle, je suis à vous : cette vérité est avec celle de deux et deux font quatre.


  1. 10. Marin. Voyez les lettres précédentes, p. 267 et 274.
  2. 11. Voyez la note 6 de la lettre 342.
  3. 12. C’est, en changeant les deux verbes, le vers bien connu du fameux récit du Cid (acte IV, scène III) :

    Le flux les apporta, le reflux les remporte.

  4. 13. Capitaine de vaisseau, et cousin germain de M. de Grignan. (Note de Perrin.) Voyez tome II, p. 367, note 11.
  5. 14. Concierge de la Tour de Sévigné à Vitré. (Note de l’édition de 1818.) On le retrouvera employé aux Rochers en 1675 et 1676.