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fiât[1], les Rarai, les Beuvron, qui vous dirai-je encore ? tout le monde se souvient de vous et de M. de Grignan. J’ai vu Mme de Monaco ; elle me parut toujours entêtée de vous, et me dit cent choses très-tendres ; la Louvigny aussi. On répète une musique d’un opéra qui effacera Venise. Mme Colonne[2] a été trouvée sur le Rhin, dans un bateau, avec des paysannes : elle s’en va je ne sais où, dans le fond de l’Allemagne.

Si vous m’aimez, ma fille, et si vous croyez vos amis, vous ferez l’impossible pour venir cet hiver : vous ne le pourrez jamais mieux, et vous n’aurez jamais plus d’affaires[3]. J’embrasse les Grignans ; l’aîné me tient bien tendrement au cœur. En êtes-vous contente ? car c’est tout. Je voudrois bien savoir comme vous vous portez, si vous êtes bien dévorée. Cette pensée me dévore, et cette grande beauté dont on vous parle[4] ne dort pas toute la nuit : il s’en faut beaucoup, ma chère enfant.

Mlle de Méri me mande qu’elle a si mal à la tête, qu’elle ne vous peut écrire ; elle me prie de vous faire ses amitiés. Celles que vous me faites, ma bonne, sont tellement tendres et naturelles, dans toutes les lettres que vous m’écrivez, qu’il n’est bruit que de l’excès de notre bonne

    l’art de se faire compter : elle étoit riche et médiocrement bonne. » (Tome XVII, p. 210, 211.)

  1. 5. Belle-sœur de Mme de Leuville : Marie-Anne Olivier de Leuville, mariée le 2 mai 1660 à Antoine Coiffier Ruzé, marquis d’Effiat, fils du frère aîné de Cinq-Mars et neveu de l’abbé d’Effiat. Elle mourut sans enfants à quarante-six ans, en février 1684. Sur son mari (mort à l’âge de quatre-vingt-un ans le 3 juin 1719), ce premier écuyer de Monsieur tant accusé de l’empoisonnement de Madame, voyez Saint-Simon, tomes III, p. 181 et suivantes ; X, 155 et suivante, et XVII, p. 207 ; Correspondance de Madame de Bavière, tomes I, p. 252, et II, p. 115.
  2. 6. Voyez plus haut, p. 116 et les notes.
  3. 7. « D’affaires qui vous y engagent. » (Édition de 1754.)
  4. 8. Voyez plus haut, p. 282.