vous la souhaite et la souhaiterai toujours, quand je songe au mal que fait la guerre à votre corps et à votre âme. Je ne suis pas seule de ce sentiment. L’archevêque de Reims[1] vous est fort acquis ; et tant d’autres encore vous font des compliments, et songent à vous, que je n’aurois jamais fait s’il falloit vous les nommer. Je vous demande une amitié au grand et divin Roquesante : qu’il se souvienne qu’il m’a promis de ne me point oublier. Ma bonne, Monsieur de Grignan, Monsieur le Coadjuteur, vous faites bien de m’aimer ; je vous défie tous d’aimer mieux Mme de Grignan que moi, c’est-à-dire que je l’aime[2].
1673
* 349. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.
Je ne vous parlerai point des Impériaux, ni d’un pont sur le Mein[4]. Dieu merci, je ne sais plus de nouvelles : c’est le seul plaisir que j’aie à Paris, car j’ai toujours cette Grignan dans la tête, et cela trouble mon repos. Les cartes sont tellement brouillées, que nous doutons si l’on ose demander un congé. Il y a même une espèce de guerre à Gênes[5] qu’il faut voir finir. Mais de tout ce qu’il y a de
- ↑ 13. Charles-Maurice le Tellier. Voyez la note 1 de la lettre 74.
- ↑ 14. Dans l’édition de Rouen : « Vous faites bien de m’aimer. Je vous défie tous d’aimer mieux que moi. »
- ↑ Lettre 349 (revue sur l’autographe). — 1. Dans l’autographe il y a jeudi 22e novembre. C’est une de ces fautes de date que personne n’évite. En 1673, le 22 novembre était un mercredi.
- ↑ 2. Voyez la lettre du 10 novembre précédent et la note 9 de la lettre 348. — On lirait plutôt dans l’original impérieux qu’impériaux.
- ↑ 3. « Le 11 de ce mois, dit la Gazette du 16 décembre 1673, les marquis Pallavicini, résident de Gênes en cette cour, et de la Roüere,