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que n’ayant nulle diversion, et n’étant entourée que de cette affaire, vous n’avez aucun repos, vous ne dormez point, et vous tomberez malade assurément. Plût à Dieu que vous fussiez ici avec moi ! Vous y seriez plus nécessaire pour vos affaires qu’à Lambesc. M. de Chaulnes revient, mais c’est pour retourner après les états ; et les autres sont demeurés à Cologne[1]. M. de Lavardin m’a vue un pauvre moment qu’il a été ici ; c’est un ami que je mettrai bien en œuvre à son retour. Je ne m’endors pas auprès de Mme de Coulanges et de l’abbé Têtu : cette route est bien disposée et fort en notre main ; mais il faut ménager longtemps avant que d’entreprendre quelque chose d’utile.

M. Chapelain se meurt : il a eu une manière d’apoplexie qui l’empêche de parler ; il se confesse en serrant la main ; il est dans sa chaise comme une statue : ainsi Dieu confond l’orgueil des philosophes[2]. Adieu, ma bonne.


1673

346. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 17e novembre.

Nous faisons valoir ici le donjon d’Orange[3]. M. de Gordes[4], qui le connoît, craint que cela ne dure plus longtemps qu’on ne pense ; en sorte que si M. de Grignan a

  1. 11. La France avoit en ce temps-là des plénipotentiaires à Cologne, où la paix se négocioit. (Note de Perrin.) — Voyez la note 3 de la lettre 344.
  2. 12. Chapelain mourut le 22 février suivant.
  3. Lettre 346. — 1. Voyez les lettres des 23 et 24 novembre suivants, p. 285 et 288.
  4. 2. François de Simiane, marquis de Gordes, grand sénéchal de Provence.