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1673 vos affaires avec moi : In van si fugge quel che nel cor si porta[1]. Je l’éprouve, et je ne fais que languir sans vous, J’ai peu de résignation pour l’ordre de la Providence, dans l’arrangement qu’elle a fait de nous. Jamais personne n’a tant eu besoin de dévotion que j’en ai ; mais, ma fille, parlons de nos affaires. J’avois écrit à M. de Pompone selon vos desirs ; et parce que je n’ai pas envoyé ma lettre, et que je la trouvois bonne, je l’ai montrée à Mlle de Méri pour contenter mon amour-propre. J’ai dîné céans avec l’abbé de Grignan et la Garde ; après dîner, nous avons été chez d’Hacqúeville, nous avons fort raisonné ; et comme ils ont tous le meilleur esprit du monde, et que je ne fais rien sans eux, je ne puis jamais manquer. Ils ont trouvé que jamais il n’y eut un voyage si nécessaire[2]. Vous me direz : « Et le moyen d’avoir un congé, puisque la guerre est déclarée ? » Je vous répondrai qu’elle est plus déclarée dans les gazettes qu’ici. Tout est suspendu en ce pays ; on attend quelque chose, on ne sait ce que c’est ; mais enfin l’assemblée de Cologne[3] n’est point rompue, et M. de Chaulnes, à ce qu’on m’a assuré aujourd’hui, ne tiendra point nos états[4] ; c’est

    dit Mme de Motteville, de l’heure indue qu’ils prenaient pour négocier, et parce qu’(on vouloit) faire entendre qu’ils vendoient de la marchandise peu solide. » — Une note des Mémoires de Mademoiselle (édition de 1735) dit que les Oublieurs, « ces garçons pâtissiers qui, sur les huit heures du soir, alloient l’hiver par Paris crier des oublies… ont été chassés depuis quelques années. »

  1. Lettre 344. — 1. C’est en vain qu’on fuit ce qu’on porte dans le cœur.
  2. 2. L’édition de 1754 ajoute : « Que celui de M. de Grignan. »
  3. 3. Les Suédois avaient offert leur médiation. On était convenu d’assembler un congrès à Cologne, et les puissances intéressées dans le débat y avaient envoyé dès le 28 mars 1672 leurs ambassadeurs ; mais les conférences ne s’ouvrirent qu’à la fin de juin. Le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, assisté de deux hommes de robe, Barillon et Courtin, représentait le roi de France.
  4. 4. Les états de Bretagne ; Lavardin était lieutenant général dans