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M. de la Rochefoucauld est aimable comme à son ordinaire : il a gardé deux jours ma chambre ; vous pouvez compter aussi sur son amitié, et de bien d’autres que je ne dis pas, car c’est une litanie.

J’ai eu quelques visites du bel air, et mes cousines de Bussy, qui sont fort parées des belles étoffes qu’elles ont achetées à Semur[1]. La duchesse d’York est à l’Arsenal ; tout le monde y court. Le Roi l’est venu voir : elle a été à Versailles voir la Reine, qui lui donne un fauteuil. La Reine la viendra revoir demain[2], et jeudi elle décampera.

J’ai dîné aujourd’hui chez Mme de la Fayette pour ma première sortie, car j’ai fait jusques ici l’entendue dans mon joli appartement. J’ai entendu chanter Hilaire[3] tout le jour ; j’ai bien souhaité M. de Grignan.

Je ne comprendrai guère que vos politiques ne s’accordent pas avec les raisonnements qu’on fait ici pour votre retour : il faut suivre l’avis des sages. S’il n’y avoit que moi, vous en pourriez douter, car je suis trop intéressée ; mais vous voyez ce qu’on vous dit. Au moins ne décidez rien que pendant l’assemblée[4], et ne faites rien d’opposé à votre retour. Si vous avez autant d’amitié pour moi que vous le dites, vous vous laisserez un peu gouverner

  1. 2. Voyez la lettre du 21 octobre précédent.
  2. 3. Dans l’édition de 1754 : « La Reine lui rendra demain sa visite. »
  3. 4. Mlle Hilaire, qui chantait les premiers rôles dans les ballets du Roi, était la belle-sœur du musicien Lambert. Elle est nommée dans l’Épître de la Fontaine à M. Niert :

    Ce n’est plus la saison de Raymon ni d’Hilaire ;
    Il faut vingt clavecins, cent violons, pour plaire.

    Voyez aussi les Mémoires de Gourville, tome LII, p. 399.

  4. 5. Les mots : « ne décidez rien que pendant l’assemblée, » manquent dans l’édition de 1734, ainsi que la fin de la phrase suivante : « et vous céderez, » etc. ; et toute la phrase qui vient après : « Il faut toujours, etc. »