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pris Guitaut à me surprendre. Enfin voilà donc la Comtesse à Bourbilly, comprenez-vous bien cela ? plus belle, plus fraîche, plus magnifique, et plus gaie que vous ne l’avez jamais vue. Après les acclamations[1] de part et d’autre que vous pouvez penser, on s’assied, on se chauffe, on parle de vous ; vous comprenez bien encore ce qu’on en dit, et combien la Comtesse comprend peu que vous ne soyez pas venue avec moi. Cette compagnie me parut toute pleine d’estime pour vous.

On parla de nouvelles. Guitaut me conta comme Monsieur veut faire Mlle de Grancey dame d’atour de Madame, à la place de la Gourdon[2], à qui il faut donner cinquante mille écus : voilà ce qui est un peu difficile ; car le maréchal de Grancey ne veut donner cette somme que pour marier sa fille ; et comme il craindroit qu’il n’en fallût donner encore autant pour la marier, il veut que Monsieur fasse tout. Mme de Monaco mène cette affaire ; elle est très-bien chez Monsieur et chez Madame, dont elle est également aimée. On est seulement un peu fâché de lui voir faire quelquefois à cette Madame-ci les mêmes petites mines et les mêmes petites façons qu’elle faisoit à l’autre. Il y a encore eu quelque petite chose[3] ; mais cela ne s’écrit point. Pour Mme de Marey, elle quitta Paris par pure sagesse, quand on commença toutes ces collations de cet été, et s’en vint en Bourgogne. Elle vint à Dijon, où elle fut reçue au bruit du canon. Vous pouvez penser comme cela faisoit dire de belles choses, et comme

  1. 3. Dans l’édition de 1754 il y a exclamations, au lieu d’acclamations, qu’on lit dans celle de 1734.
  2. 4. Voyez la note 12 de la lettre 310. — On voit par l’État de la France que Mme de Gourdon garda sa charge : elle lui valait six mille livres par an.
  3. 5. Perrin, dans l’édition de 1754, a remplacé petite chose par bagatelles.