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vient me consoler. Ma fille, plaignez-moi de vous avoir quittée.


1673

331. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Valence, ce vendredi 6e octobre.

C’est mon unique plaisir que de vous écrire : la paresse du Coadjuteur est bien étonnée de cette sorte de divertissement. Vous êtes à Salon, ma pauvre petite ; vous avez passé la Durance[1] ; et moi je suis arrivée ici. Je regarde tous les chemins comme devant avoir l’honneur de vous voir passer cet hiver, et je fais des remarques sur les méchants endroits. Il y en a où je descends mal à propos ; il y en a aussi que vous devez craindre. Le plus sûr en hiver, c’est une litière ; il y a des pas où il faut descendre de carrosse, ou s’exposer à périr. Monsieur de Valence[2] m’a envoyé son carrosse avec Montreuil[3] et le Clair, pour me laisser plus de liberté. J’ai été droit chez lui[4]. Il

    un des frères du duc de Navailles. Il fut gouverneur de Saint-Omer (1677), lieutenant général des armées, et mourut le 31 mars 1685, sans postérité. — Il y avait aussi un poëte latin d’Avignon, nommé de Saint-Geniez, qui mourut en 1663. Il avait un jeune frère.

  1. Lettre 331 (revue sur une ancienne copie). — 1. Sur la route de Montélimar à Aix, au-dessus d’Avignon ; Salon est à droite de la route un peu au delà du canal de Craponne.
  2. 2. Daniel de Cosnac, évêque de Valence de 1655 à 1687, puis archevêque d’Aix jusqu’à sa mort en janvier 1708. L’abbé de Choisy, dans le huitième livre de ses Mémoires (tome LXIII, p. 369 et suivantes), a donné des détails fort étendus sur ce prélat, dont les Mémoires ont été publiés par la Société de l’Histoire de France, en 1852.
  3. 3. Le poëte, celui que Mme de Sévigné trouvait jadis « douze fois plus étourdi qu’un hanneton » (tome I, p. 409). Il était secrétaire de l’évêque de Valence. Voyez tome I, p. 355, note 1.
  4. 4. Dans l’édition de 1754, la première où cette lettre ait été imprimée : « chez le prélat. »