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fâché de n’être pas où je devois être, que je ne reprends pas de nouveaux chagrins toutes les fois qu’il se présente de nouvelles occasions de m’en donner. À quoi me serviroit ma raison ?

Pour le Roi, je l’admirerois quand je serois bourgmestre d’Amsterdam ; et pour dire la vérité, il m’a un peu traité à la hollandoise. Cependant je ne laisse pas de le trouver un prince merveilleux. Jugez ce que j’en penserois s’il m’avoit fait du bien, car vous savez que quelque juste qu’on soit, on pense toujours plus favorablement de son bienfaiteur que du contraire.

Si nous avions quelqu’un pour nous mettre en train sur la philosophie de Descartes, nous l’apprendrions ; mais nous ne savons comment enfourner.

Puisque Mme de Grignan vous soutient que plus il y a d’indifférence dans une âme, moins il y a de liberté, je crois qu’elle vous peut soutenir qu’on est extrêmement libre quand on est passionnément amoureux. Mais, à propos de Descartes, je vous envoie des vers qu’une fille de mes amies[1] a faits en faveur de son ombre ; vous les trouverez de bon sens, à mon avis.


  1. 6. Marie du Pré, nièce de Roland des Marets et de des Marets de Saint-Sorlin. Elle était liée avec Conrart, Mlle de Scudéry et d’autres beaux esprits. On a imprimé plusieurs de ses lettres écrites au comte de Bussy Rabutin. La pièce de vers dont il est ici question est a. dressée à Mlle de la Vigne ; elle a été insérée par le P. Bouhours dans son Recueil de vers choisis, Paris, 1693, p. 25. Voyez Walckenaer, tomes III, p. 56-58, et IV, p. 319.