Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 196 —

1673


grâces. Le Roi vit l’état des pensions : il trouva deux mille francs pour Mme Scarron, il les raya, et mit deux mille écus[1].

Tout le monde croit la paix ; mais tout le monde est triste d’une parole que le Roi a dite, qui est que, paix ou guerre, il n’arriveroit à Paris qu’au mois d’octobre.

Je viens de recevoir une lettre du jeune guidon. Il s’adresse à moi pour demander son congé ; et ses raisons sont si bonnes, que je ne doute pas que je ne l’obtienne[2].

J’ai vu une lettre admirable que vous avez écrite à M. de Coulanges ; elle est si pleine de bon sens et de raison, que je suis persuadée que ce seroit méchant signe pour quelqu’un qui trouveroit à y répondre. Je promis hier à Mme de la Fayette qu’elle la verroit ; je la trouvai tête à tête avec un appelé Monsieur le. Duc. On regretta le temps que vous étiez à Paris ; on vous y souhaita ; mais, hélas ! qu’ils sont inutiles, les souhaits ! et cependant on ne sauroit se corriger d’en faire.

M. de Grignan ne s’est point du tout rouillé en province ; il a un très-bon air à la cour, mais il trouve qu’il lui manque quelque chose ; nous sommes de son avis, nous trouvons qu’il lui manque quelque chose[3]. J’ai mandé à M. de la Trousse ce que vous m’écrivez de lui. Si ma lettre va jusqu’à lui, je ne doute pas qu’il ne

  1. 2. Mme de Coulanges félicita Mme Scarron, en son nom et au nom de Mme de Sévigné. Mme Scarron répondit par un joli billet : « Je remercie, dit-elle, Mme de Sévigné ; dites-lui combien je mérite qu’elle m’aime toujours. Le mignon a fort bien retenu les vers de M. de Coulanges ; il les a récités avec grâce. On a demandé l’auteur : je l’ai nommé ; on a souri ; dans ce pays-ci rien ne se perd. » (Lettres de Madame de Maintenon, Amsterdam, 1756, in-12, tome I, p. 56.)
  2. 3. Mme de Coulanges était, comme nous l’avons dit, cousine germaine de Louvois. — Voyez la Notice, p. 202.
  3. 4. Il désirait le cordon de l’Ordre.