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1673

317. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 20e mars.

Je souhaite trop vos reproches pour les mériter. Non, ma belle, la période ne m’emporte point ; je vous dis que je vous aime par la raison que je le sens véritablement ; et même je suis plus vive pour vous que je ne vous le dis encore.

Nous avons enfin retrouvé Mme Scarron, c’est-à-dire que nous savons où elle est ; car pour avoir commerce avec elle, cela n’est pas aisé. Il y a chez une de ses amies un certain homme[1] qui la trouve si aimable et de si bonne compagnie, qu’il souffre impatiemment son absence. Elle est cependant plus occupée de ses anciens amis qu’elle ne l’a jamais été ; elle leur donne le peu de temps qu’elle a avec un plaisir qui fait regretter qu’elle n’en ait pas davantage. Je suis assurée que vous trouvez que deux mille écus de pension sont médiocres ; j’en conviens, mais cela s’est fait d’une manière qui peut laisser espérer d’autres

  1. Lettre 317. — 1. Ce certain homme ne peut être le Roi, comme quelques personnes l’ont pensé. Mme Scarron n’était pas encore fixée à la cour, elle ne le fut qu’en 1674, quand il fut permis aux enfants de Mme de Montespan d’y paraître ; d’ailleurs le Roi n’éprouva d’abord que de l’éloignement pour leur gouvernante ; et il ne fut ramené que par la correspondance qu’elle entretint directement avec lui, pendant les voyages d’Anvers et de Baréges, et par quelques mots du petit duc du Maine. Il s’agit peut-être ici du président de Barillon. (Note, abrégée, de l’édition de 1818.) — Malgré cette note et celle de Walckenaer, tome V, p. 410, nous ne trouvons pas si impossible que Mme de Coulanges ait voulu désigner Mme de Montespan et le Roi : voyez la lettre du 7 août 1675. S’il fallait chercher d’autres noms, nous ne penserions peut-être pas à Barillon, mais nous croirions plutôt que Mme de Coulanges veut parler ici du maréchal et de la maréchale d’Albret (voyez Mme de Caylus, tome LXVI, p. 366 et suivantes ; et Saint-Simon, tome I, p. 367 et suivante).