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assiduité. Je ne comprends point par quelle aventure vous n’avez pas reçu la lettre de M. de Coulanges, dans laquelle je vous écrivois. C’est une médiocre perte pour vous ; j’ai cependant la confiance de croire que vous regrettez cette lettre, parce que je vous aime, ma très-belle, et que vous m’avez toujours paru reconnoissante.

J’ai été à la messe de minuit ; j’ai mangé du petit salé au retour ; en un mot, j’ai un assez bon corps cette année pour être digne du vôtre. J’ai fait des visites avec Mme de la Fayette ; et je me trouve si bien d’elle, que je crois qu’elle s’accommode de moi. Nous avons encore ici Mme de Richelieu ; j’y soupe ce soir avec Mme du Fresnoi. Il y a grande presse de cette dernière à la cour : il ne se fait rien de considérable dans l’État, où elle n’ait part[1]. Pour Mme Scarron, c’est une chose étonnante que sa vie[2] : aucun mortel, sans exception, n’a commerce avec elle. J’ai reçu une de ses lettres ; mais je me garde bien de m’en vanter, de peur des questions infinies que cela attire. Le rendez-vous du beau monde est les soirs chez la maréchale d’Estrées[3] ; Manicamp et ses deux sœurs[4]

  1. 3. Elle était maîtresse de Louvois. Voyez la note 2 de la lettre 218, la Correspondance de Bussy, tome II, p. 237, et Saint-Simon, tome I, p. 60. « Ce qu’il y avoit de plus grand de l’un et de l’autre sexe étoit appliqué à faire sa cour à cette femme, qui de son côté y répondoit avec toute l’insolence que donnent la beauté et la prospérité, jointes à une basse naissance et à fort peu d’esprit. » (Mémoires de la Fare, tome LXV, p. 224.)
  2. 4. Elle habitait « au faubourg Saint-Germain, par delà les Carmes, » dit Mademoiselle (tome IV, p. 394), une maison isolée où, dans un profond, secret, elle élevait le duc du Maine et le comte de Vexin, enfants de Mme de Montespan. Voyez la lettre du 4 décembre 1673.
  3. 5. Gabrielle de Longueval, veuve sans enfants de François-Annibal duc et maréchal d’Estrées, frère de la belle Gabrielle. Voyez plus haut, p. 24, note 3.
  4. 6. Bernard de Longueval, marquis de Manicamp (mort en 1684) ; Gabrielle, veuve du vieux maréchal d’Estrées (voyez la note pré-