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on lui donne quatre cent mille francs ; M. d’Harouys y fait le principal personnage. J’ai fait vos compliments aux Duras et aux Charost. Le marquis de Villeroi ne partira pas de Lyon cette campagne : le maréchal s’est attiré cette assurance, en demandant la grâce de revenir à l’armée[1] : on ne comprend point ce qui cause son malheur.

Monsieur le Duc donna samedi[2] une chasse aux Anges[3] et un souper à Saint-Maur, des plus beaux poissons de la mer. Ils revinrent à une petite maison près

    épousa, le 18 avril suivant, Anne-Louise Bonnin de Chalucet, qui mourut à quatre-vingt-sept ans, le 4 janvier 1732 ; elle était fille de Jeait-François Bonnin, marquis de Chalucet Messignac, etc. (qui fut lieutenant pour le Roi au gouvernement des ville et château de Nantes), et d’Urbaine de Maillé Brezé. Voyez sur Bâville, durant trente-trois années (1685-1718) « roi et tyran, la terreur et l’horreur » de sa province, où il culbuta le cardinal Bonzi, la lettre du 28 février 1689, et Saint-Simon, particulièrement tomes IV, p. 112, et XV, p. 239.

  1. 17. Dans l’édition de 1754 : « En demandant pour son fils la grâce, etc. » — Voyez tome II, p. 496, 500 et 503.
  2. 18. Veille du dimanche de la Passion.
  3. 19. On appelait ainsi Élisabeth et Marie-Louise Rouxel, filles du maréchal de Grancey et de sa seconde femme, toutes deux remarquables par leur beauté. L’aînée, d’après Saint-Simon, était Élisabeth, appelée mademoiselle, et plus tard madame de Grancey, bien qu’elle n’ait jamais été mariée ; elle mourut en 1711, à cinquante-huit ans. « Elle avoit été belle ; et à son âge elle se la croyoit encore, moyennant force rouge et blanc et les parures de la jeunesse. (Voyez les Lettres de Madame de Bavière, tome II, p. 124.) Elle avoit été extrêmement du grand monde, fort galante, et avoit longtemps gouverné le Palais-Royal sous le stérile personnage de maîtresse de Monsieur, qui avoit d’autres goûts, qu’il crut un temps masquer par là, et en effet par le pouvoir entier qu’elle eut toujours sur le chevalier de Lorraine. Elle ne paroissoit guère à la cour, qui n’étoit pas son terrain. Monsieur, pour la faire appeler madame, l’avoit faite dame d’atour de la reine d’Espagne, sa fille aînée (Marie-Louise, mariée à Charles II en 1679), qu’elle accompagna en cette qualité jusqu’à la frontière. » (Saint-Simon, tome X, p. 17.) — L’autre sœur, dont on disait Monsieur le Duc amoureux (voyez la lettre du 21 octobre 1673), était veuve depuis 1668 de son cousin Joseph Rouxel,