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fille ne cherche plus que la mort et le paradis. Elle a raison.

Au reste, voici bien des nouvelles : j’avois amené ici mon petit chat[1] pour y passer l’été ; j’ai trouvé qu’il y fait sec, il n’y a point d’eau ; la nourrice craint de s’y ennuyer : que fais-je à votre avis ? Je la ramènerai après-demain chez moi tout paisiblement[2]. Elle sera avec la mère Jeanne qui fera leur petit ménage. Mme de Sanzei[3] sera à Paris ; elle ira se promener dans son jardin ; elle aura mille visites ; j’en saurai des nouvelles très-souvent. Voilà qui est fait : je change d’avis ; ma maison est jolie ; elle ne manquera de rien. Il ne faut pas croire que Livry soit charmant pour une nourrice comme pour moi. Adieu, ma divine enfant ; pardonnez le chagrin que j’avois d’avoir été deux ordinaires sans recevoir de vos lettres. Je n’en ai eu qu’une, c’est bien assez pour moi. Je vous embrasse très-tendrement. Vos lettres me sont si agréables, qu’il n’y a que vous qui me puissiez consoler de n’en avoir plus.


1672

295. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME LA COMTESSE DE BUSSY RABUTIN.

À Paris, ce 7e juillet.

J’avois résolu, je ne sais pourquoi, de pousser mon impertinence jusqu’au bout, et puisque j’avois manqué une fois à vous faire réponse[4], je croyois bien n’en pas

  1. 8. C’est le texte du manuscrit. Dans l’édition de la Haye (1726) : « Mon petit cœur ; » dans celle de Perrin : « Ma petite-enfant. »
  2. 9. Voyez la lettre du 11 juillet suivant, p. 147.
  3. 10. Voyez la note 10 de la lettre 166.
  4. Lettre 295. — 1. Voyez la lettre de Mme de Sévigné au comte de Bussy, du 24 avril précédent, p. 33.