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1672

285. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 17e juin, à 11 heures du soir.

Aussitôt que j’ai eu envoyé mon paquet, j’ai appris, ma bonne, une triste nouvelle, dont je ne vous dirai pas le détail, parce que je ne le sais pas ; mais je sais qu’au passage de l’Yssel[1], sous les ordres de Monsieur le Prince, M. de Longueville[2] a été tué : cette nouvelle accable. Nous étions chez Mme de la Fayette avec M. de la Rochefoucauld, quand on nous l’a apprise, et en même temps la blessure de M. de Marsillac[3] et la mort du chevalier de Marsillac[4] qui est mort de sa blessure. Enfin

  1. Lettre 285. — 1. C’est-à-dire, au passage du Rhin, dont un bras, comme l’on sait, se nomme l’Yssel (voyez p. 36, note 7). Le passage du fleuve fut opéré un peu au-dessous du point où le Wahal s’en détache, en face du village de Tolhuys, situé sur la rive gauche du bras nommé Rhin ou Leck. « Il y avait là un gué praticable à la cavalerie, si ce n’est qu’au milieu du fleuve, où le courant était plus rapide, il fallait nager l’espace de trente ou quarante pas. » (M. Rousset, Histoire de Louvois, tome I, p. 359.) — L’Yssel fut franchi peu de temps après par ceux des corps français qui n’avaient pas été concentrés sur le Leck.
  2. 2. Voyez la note 7 de la lettre 84.
  3. 3. Le prince de Marsillac, fils aîné de l’auteur des Maximes. Voyez la note 3 de la lettre 109.
  4. 4. Jean-Baptiste de la Rochefoucauld, chevalier de Malte, dit le chevalier de la Rochefoucauld ; il était le quatrième fils du duc. — Dans l’édition de la Haye, il n’est parlé que d’un Marsillac : « Et en même temps la blessure de M. de Marsillac, qui en est mort. » Notre texte est celui de 1725, et de Rouen 1726. Dans les deux éditions de Perrin la phrase est ainsi construite : « J’étois chez Mme de la Fayette quand on vint l’apprendre à M. de la Rochefoucauld, avec la blessure de M. de Marsillac et la mort du chevalier de Marsillac. Cette grêle est, etc. » — Dans la suite de cette lettre il y a de très-grandes différences entre les diverses éditions. Celles de 1725 et de 1726 ont des lacunes assez considérables, qui s’expliquent par l’intention d’abréger en supprimant les répétitions.