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nouvelles : le cœur bat en attendant. Le marquis de Castelnau a la petite vérole. On disoit hier que des Marests[1], le fils du grand fauconnier, et Bouligneux[2], étoient morts de maladie : si je ne vous mande point le contraire avant que de fermer demain ma lettre à Paris, c’est signe que cela est vrai. Je suis venue ici ce matin toute seule dans une calèche, afin de remener ma petite ; il faut qu’elle essaye un bonnet et une robe ; je m’en jouerai[3] jusqu’à ce que je parte, et je ne la ramènerai ici que trois jours devant. Elle se porte très-bien ; elle est aimable sans être belle ; elle fait cent petites sottises qui plaisent.

Mais la veuve de maître Paul est outrée : il s’est trouvé une anicroche[4] à son mariage. Son grand benêt d’amant ne l’aime guère ; il trouve Marie[5] bien jolie, bien douce. Ma fille, cela ne vaut rien, je vous le dis franchement : je vous aurois fait cacher, si j’avois voulu être aimée. Ce

  1. 8. Alexis-François Dauvet, comte des Marests. Il succéda à Nicolas, son père, en octobre 1678, et mourut le 25 avril 1688.
  2. 9. Il s’agit probablement de Jacques-Claude de la Pallu, comte de Bouligneux, qui avait épousé Marie-Henriette le Hardi de la Trousse, tante de Bussy, morte en 1677. Voyez la Correspondance de Bussy, tome III, p. 387, note 2, et les lettres du 15 septembre 1677 (de Bussy), du 13 octobre 1677 (de Mme de Sévigné). Louis de la Pallu, comte de Bouligneux, lieutenant général, tué en 1704, et un autre Bouligneux qui avait été élevé auprès du Dauphin et dont Mme de Coligny apprend la mort à Bussy, dans une lettre du 28 août 1685, étaient sans doute fils de celui dont nous croyons que Mme de Sévigné parle ici.
  3. 10. Dans l’édition de 1734 les mots : « Il faut qu’elle essaye, etc., » manquent, et on y lit : « Je veux m’en réjouir, » au lieu de : « Je m’en jouerai. »
  4. 11. Dans les éditions de Perrin hanicroche. C’est encore l’orthographe de l’Académie en 1718.
  5. 12. Fille de Mme Paul. (Note de Perrin.) — Voyez la lettre précédente.