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n’y a pas d’apparence que vous refusiez à d’autres ce que vous accorderez à M. de Ventadour. » Et Benserade[1] disoit : « Je voudrois bien voir qu’une mère, une tante, une amie s’avisât de gronder une femme comme celle-là, parce qu’elle haïroit son mari et qu’elle auroit un galant ; ma foi elles auroient bonne grâce[2]. »

M. de Duras[3] a cette année, pendant le voyage de Flandre, le même commandement général qu’avoit M. de Lauzun l’année passée, et d’autant plus beau qu’il y aura une fois plus de troupes.

Le Roi a donné à Mlle de la Mothe[4], fille de la Reine, deux cent mille francs : avec cela elle pourra trouver un bon parti. Le Roi a voulu faire M. de Lauzun


    diocèse de Senlis), mort le 8 décembre 1676. « L’abbé de la Victoire, dit M. Cousin, était plus occupé de littérature que de théologie, et connaissait mieux Cicéron que saint Augustin. » (Mme de Sablé, p. 249.)

  1. 5. Isaac de Benserade, né en 1612 à Lyons-la-Forêt, en Normandie (Eure), membre de l’Académie française en 1674, mort en 1691. Voyez la Notice, p. 97 et suivantes, et p. 158.
  2. 6. Voyez la lettre 144, P. 106.
  3. 7. Jacques-Henri de Durfort, fils du marquis de Duras (mort en 1690), et d’Élisabeth de la Tour (morte en 1685), sœur de Frédéric-Maurice duc de Bouillon, et de Turenne, devint capitaine des gardes du corps en 1671, gouverneur de la Franche-Comté en 1674, maréchal de France en 1675. Il mourut à Paris en 1704, à soixante-quatorze ans. Il avait épousé, en 1668, Marguerite-Félicité de Lévis Ventadour, fille de Charles, duc de Ventadour, et de Marie de la Guiche Saint-Geran.
  4. 8. Mlle de la Mothe d’Argencourt. Elle avait été fille d’honneur de la reine Anne d’Autriche ; elle fut l’un des premiers objets de l’inclination du Roi. Le cardinal Mazarin, ne pouvant parvenir à s’en faire un espion auprès de lui, travailla à la perdre, et il y réussit facilement. Elle se retira à — Sainte-Marie de Chaillot, et y passa le reste de sa vie, sans se marier ni faire de vœux. Les Mémoires imprimés de la Fare la confondent avec Mlle de la Mothe Houdancourt, la future duchesse de Ventadour ; mais cette erreur n’appartient qu’à l’éditeur de ces Mémoires.