Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

cela conté avec des tours assez singuliers, divertira[1] ce grand prince ; tant y a qu’en l’amusant je lui apprendrai, à n’en pouvoir douter, ce que j’ai fait pour son service ; et c’est là mon principal dessein. Comme il y a un an que cela est achevé, il m’a pris fantaisie d’écrire la vie de mon père, dont j’ai vu la fin et dont j’ai appris le commencement par ses papiers : j’en suis venu à bout, et de celle de mon grand-père ; de sorte que je remonte présentement jusqu’à mon aïeul, c’est-à-dire par la droite ligne ; car pour les collatéraux, je ne les nommerai qu’en passant. Ce sera donc une histoire généalogique de notre maison, qui sera aussi exacte, moins flatteuse, et plus agréablement écrite, que si les gens du métier l’avoient faite. Dites ce que vous jugerez à propos à M. l’abbé de Coulanges : vous le connoissez mieux que moi. Cependant comme il me paroît un homme sage, je pense que vous lui pouvez confier ce secret, et pour moi j’en serai bien aise, quand ce ne seroit que pour lui témoigner ma reconnoissance sur le dessein qu’il a de travailler à nos Rabutins. Adieu[2].


1671

139. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Mercredi 25e février.

Je n’ai point encore reçu une lettre que je suis persuadée que vous m’avez écrite de Lyon avant que de partir : je croirai difficilement qu’ayant pu m’écrire, et ayant écrit à M. de Coulanges, vous m’ayez oubliée. Je fais un

  1. 2. Nous suivons la copie de Bussy : le verbe y est ainsi au singulier.
  2. 3. Toute la fin de la lettre, depuis : « Comme il y a un an, » manque dans notre manuscrit.