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bellir son histoire[1]. Je ne trouve rien de si proche que d’être d’une même maison ; il ne faut pas s’étonner si l’on s’y intéresse, cela tient dans la moelle des os, au moins à moi. C’est fort bien fait à vous d’avoir tous nos titres ; je suis hors de la famille, et c’est vous qui devez tout soutenir.

Adieu, mon cher cousin ; écrivons-nous un peu sans nous gronder, pour voir comment nous nous en trouverons. Si cela nous ennuie, nous serons toujours sur nos pieds pour nous faire quelque petite querelle d’Allemand : sur d’autres sujets, cela s’entend. Ce qui me plaît de tout ceci, c’est que nous éprouvons la bonté de nos cœurs, qui est inépuisable.


1671

136. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, le mercredi 18e février.

Je vous conjure, ma chère bonne, de conserver vos yeux ; pour les miens, vous savez qu’ils doivent finir à votre service. Vous comprenez bien, ma belle, que de la manière dont vous m’écrivez, il faut bien que je pleure en lisant vos lettres. Pour comprendre quelque chose de l’état où je suis pour vous, joignez, ma bonne, à la tendresse et à l’inclination naturelle que j’ai pour votre personne, la petite circonstance d’être persuadée que vous m’aimez, et jugez de l’excès de mes sentiments. Méchante ! pourquoi me cachez-vous quelquefois de si précieux trésors ? Vous avez peur que je ne meure de joie ; mais ne craignez-vous point aussi que je meure du dé-

  1. 3. Cette phrase manque dans notre manuscrit, ainsi que la dernière de l’alinéa.