Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 61 —

quand vous pensez que je suis occupée de vous encore plus que vous ne l’êtes de moi, quoique vous me le paroissiez beaucoup. Si vous me voyiez, vous me verriez chercher ceux qui m’en veulent parler ; si vous m’écoutiez, vous entendriez bien que j’en parle. C’est assez vous dire que j’ai fait une visite d’une heure à l’abbé Guéton[1], pour parler seulement des chemins et de la route de Lyon. Je n’ai encore vu aucuns de ceux qui veulent, disent-ils, me divertir ; parce qu’en paroles couvertes, c’est vouloir m’empêcher de penser à vous, et cela m’offense. Adieu, ma très-aimable bonne, continuez à m’écrire et à m’aimer ; pour moi, mon ange, je suis tout entière à vous. Ma petite Deville, ma pauvre Golier[2], bonjour. J’ai un soin extrême de votre enfant. Je n’ai point de lettres de M. de Grignan ; je ne laisse pas de lui écrire.


1671

134. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, jeudi 12e février.

Ceci est un peu de provision, car je ne vous écrirai que demain[3] : mais je veux vous écrire présentement ce que je viens d’apprendre. Le président Amelot[4], après avoir fait hier mille visites,

  1. 6. L’abbé Guéton ou Guiton, ami du poëte Santeul (voyez Santolii opera poetica, 1696, p. 361), demeurait dans le voisinage de Mme de Sévigné. Dans la lettre de l’incendie (20 février 1671), il est parlé de lui, et de sa sœur, qui donna un lit à Mme de Guitaut.
  2. 7. Femmes de Mme de Grignan.
  3. LETTRE 134. — 1. Voyez la note 4 de la lettre 145.
  4. 2. Charles Amelot de Gournay, président au grand conseil, père de Michel Amelot, marquis de Gournay, l’habile diplomate. Il avait cinquante et un ans. Sa femme, fille de Jacques de Lyonne, grand