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qu’un moment ; je m’en vais lui écrire pour le remercier de son lit ; je lui en suis plus obligée que vous. Si vous voulez me faire un véritable plaisir, ayez soin de votre santé, dormez dans ce joli petit lit, mangez du potage, et servez-vous de tout le courage qui me manque. Je ferai savoir des nouvelles de votre santé. Continuez de m’écrire. Tout ce que vous avez laissé d’amitié ici est augmenté : je ne finirois point à vous faire des baisemains, et à vous dire l’inquiétude où l’on est de votre santé.

Mlle d’Harcourt fut mariée avant-hier ; il y eut un grand souper maigre à toute la famille ; hier un grand bal et un grand souper au Roi, à la Reine, à toutes les dames parées : c’étoit une des plus belles fêtes qu’on puisse voir.

Mme d’Heudicourt est partie avec un désespoir inconcevable, ayant perdu toutes ses amies, convaincue de tout ce que Mme Scarron avoit toujours défendu, et de toutes les trahisons du monde[1]. Mandez-moi quand vous aurez reçu mes lettres. Je fermerai tantôt celle-ci, avant que d’aller au faubourg.


    soixante-neuf ans, et le nom de Grignan s’éteignit avec lui. Voyez la Notice, p. 234, 235, 243, 275, et les Mémoires de Saint-Simon, tome IV, p. 424.

  1. 9. « Sans doute qu’il y avoit plus que de la galanterie dans les lettres de Mme d’Heudicourt à M. de Béthune, dit Mme de Caylus dans ses Souvenirs (tome LXVI, p. 444), et il n’y a pas d’apparence que le Roi et Mme de Montespan eussent été si sévères sur leur découverte d’une intrigue où il n’y auroit eu que de l’amour. Selon toutes les apparences, Mme d’Heudicourt rendoit compte de ce qui se passoit de plus particulier à la cour. » Le témoignage de Mme de Caylus est confirmé par une lettre inédite de Mme du Boucbet à Bussy Rabutin, du 20 septembre 1669 (tome III de la copie des Mémoires de Bussy par le marquis de Langhac) : « Vous savez que Mme d’Heudicourt ne s’est pas contentée de partager le secret de Mme de Montespan avec le marquis de Béthune. mais qu’elle a encore jugé le marquis de Rochefort digne de pareilles faveurs. lequel en a rendu un compte. fidèle aux intéressés » — François-Gaston, dit le marquis de Béthune, fils puîné d’Hippolyte de Béthune, comte