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vaincu Mme d’Heudicourt[1], non-seulement d’une bonne galanterie avec M. de Béthune, dont il avoit toujours voulu douter ; mais d’avoir dit de lui et de Mme Scarron[2] tous les maux qu’on peut s’imaginer. Il n’y a point de mauvais offices qu’elle n’ait tâché de rendre à l’un et à l’autre, et cela est tellement avéré, que Mme Scarron ne la voit plus, ni tout l’hôtel de Richelieu[3]. Voilà une femme bien

  1. 16. Bonne de Pons était parente du maréchal d’Alhret (baron de Pons, voyez la note 3 de la lettre 90). C’était lui qui lui avait fait épouser en 1666 Michel Sublet marquis d’Heudicourt, grand louvetier de France, de la famille du secrétaire d’État des Noyers. Saint-Simon (tome I, p. 367) dit que Mlle de Pons était belle comme le jour, et qu’elle plaisait extrêmement au maréchal et à bien d’autres (le Roi sembla, pendant quelque temps, balancer entre elle et Mlle de la Vallière). Il ajoute (p. 368) que Mme Scarron (depuis Mme de Maintenon), qui n’oublia jamais que l’hôtel d’Albret avait été le berceau de sa fortune, aima et protégea toujours ouvertement Mme d’Heudicourt : elle éleva sa fille avec les enfants de Mme de Montespan. Ailleurs (tomes VII, p. 56, et XVII, p. 103), Saint-Simon l’appelle le mauvais ange de Mme de Maintenon, et dit qu’on ne pouvait avoir plus d’esprit qu’elle, ni être plus désespérément méchante, et que tout fléchissait le genou devant cette mauvaise fée. Elle mourut le 24 janvier 1709, à soixante-cinq ans. — Sur M. de Béthune et sur ce qui est ici reproché à Mme d’Heudicourt, voyez la note 9 de la lettre suivante.
  2. 17. Françoise d’Aubigné, âgée alors d’un peu plus de trente-cinq ans, veuve depuis 1660 de Paul Scarron, qu’elle avait épousé en 1652. Elle avait été secrètement chargée en 1669 de l’éducation des enfants de Mme de Montespan, dont le mari était cousin germain du maréchal d’Albret, et avec laquelle, dit Saint-Simon (tome I, p. 368), le maréchal n’avait eu garde de se brouiller. C’est en décembre 1674 qu’elle acheta le marquisat de Maintenon. On pourra suivre dans la Correspondance tout le progrès de sa faveur.
  3. 18. La duchesse de Richelieu était veuve en premières noces (depuis 1648) du frère aîné du maréchal d’Albret. Quoique remariée, elle était demeurée, dit Saint-Simon (tome I, p. 368), dans une intime liaison avec le maréchal, qui avait marié sa fille unique au fils unique du premier lit de sa belle-sœur. — Les hôtels de Richelieu et d’Albret, dont Mme de Sévigné parlera souvent, étaient voisins de sa propre demeure : le premier occupait l’angle de gauche