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zarre ; la fable est jolie, mais ce n’est rien au prix de celles qui suivront. Je ne sais ce que c’est que ce Pot au lait[1].

Je ne vous ai rien dit de notre abbé. Le Roi ne permet plus aucune résignation ; mais Monsieur d’Uzès ne laissera pas de lui en parler, afin que s’il arrivoit malheur, il fût marqué, et souvent le Roi suit cette première vue. Voilà tout cc qu’on y peut faire ; vous lui en parlerez en Provence[2].

Je partirois avec M. de Coulanges, n’ayant nulle autre affaire au monde, sans que nous n’osons laisser ma tante sans quelqu’un de la famille. Il faut donc attendre le retour de M. de Coulanges ; mais l’ennui que j’en ai est une chose qu’on ne peut expliquer. Je sollicite votre ordonnance comme celle de mon fils : c’est le payement qui en est difficile ; c’est un mal commun, et une chose assez extraordinaire de supprimer cette subsistance quand on part pour la guerre. Nous verrons.

J’ai souvent des nouvelles de mon pauvre enfant. La guerre me déplaît fort, pour lui premièrement, et puis pour les autres que j’aime. Mme de Vaudemont est à Anvers, nullement disposée à revenir ; son mari est employé contre nous. Mme de Courcelles sera bientôt sur la sellette ; je ne sais si elle touchera il petto adamantino[3] de M. d’Avaux[4] ; mais jusqu’ici il a été aussi rude à la Tour-

  1. 27, La Laitière et le Pot au lait, fable qui précède immédiatement le Curé et le Mort, et qui est rappelée à la fin de cette dernière :
    Proprement toute notre vie
    Est le curé Chouart qui sur son mort comptoit,
    Et la fable du Pot au lait.
  2. 28. Voyez la lettre 240, note 2.
  3. 29. Le cœur de diamant.
  4. 30. Jean-Jacques, alors comte d’Avaux, qui s’appela, après la mort de son père, en 1673, le président de Mesmes. Voyez la noie 9 de la lettre 143.