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perte. Cependant on entre dans le sentiment du maître, et l’on trouve que MM. de Charost[1] doivent être contents. Que notre ami Noailles[2] prenne garde à lui, on dit qu’il lui en pend autant à l’œil, car il n’en a qu’un[3] aussi bien que les autres.

On parle toujours de la guerre : vous pouvez penser combien j’en suis fâchée. Il y a des gens qui veulent encore faire des almanachs ; mais pour cette campagne ils sont trompés. Toute mon espérance, c’est que la cavalerie ne sera pas exposée aux siéges que l’on fera en Hollande. Vivons pour voir démêler ces fusées. J’ai vu M. le marquis de Vence[4] ; je le trouvai si jeune, que je lui demandai comment se portoit Madame sa mère ; M. de Coulanges me redressa. Je reçus de lui votre lettre dont les avis me paroissent très-bons, et je les ai suivis très-fidèlement. Le cardinal de Retz interrompit notre conversation ; mais ce ne fut que pour parler de vous. Je souhaite toujours Adhémar, pour me redire encore mille fois que vous m’aimez :

  1. 18. Armand de Béthune, marquis de Charost, avait épousé (1657) Marie Foucquet, fille du surintendant, et de Louise Fourché, sa première femme. Le marquis et sa femme avaient été relégués à Ancenis après le jugement de Foucquet. Le Roi voyait avec peine les alliés d’un disgracié remplir à la cour une charge qui les rapprochait autant de sa personne ; ce n’était que pour les en écarter, qu’il leur faisait de grands avantages. (Note de l’édition de 1818). — Armand de Béthune mourut le 1er avril 1717, un an après sa femme. Son père, Louis de Béthune, d’abord comte de Charost, quatrième fils d’un frère du premier duc de Sully, mourut à soixante-seize ans, le 20 mars 1681. Voyez sur eux Saint-Simon, tome IX, p. 428 et suivantes. — Pour M. de Duras, voyez la note 7 de la lettre 140, où il faut lire « capitaine des gardes du corps en 1672 (au lieu de 1671). »
  2. 19. Le duc de Noailles était premier capitaine des gardes du corps ; son fils, le comte d’Ayen (plus tard maréchal de Noailles), avait depuis 1661 la survivance de sa charge. Voyez sur eux la note 4 de la lettre 72, et la note 7 de la lettre 189.
  3. 20. Dans toutes les éditions : « car il n’a qu’un œil. »
  4. 21. Voyez la note 5 de la lettre 248.