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san[1]. On vous mandera le dénouement que Monsieur d’Uzès fera à toute cette comédie. J’irai me faire nommer à la porte de l’Évêque, dont je vois tous les jours le nom à la mienne. Ne craignez pas pour cela que nous trahissions vos intérêts. Il y a plusieurs prélats qui se tourmentent de cette paix ; elle ne sera faite qu’à bonnes enseignes. Si vous voulez faire plaisir à cet évêque, perdez bien de l’argent, mettez, mettez-vous dans une grande presse : c’est là qu’il vous attend.

Voici une nouvelle : écoutez-moi. Le Roi a fait entendre à MM. de Charost qu’il vouloit leur donner des lettres de duc et pair, c’est-à-dire qu’ils auront dès à présent les honneurs du Louvre tous deux, et une assurance d’être passés en parlement la première fois qu’on en passera. On donne au fils la lieutenance générale de Picardie, qui n’avoit point été remplie depuis très-longtemps, avec le gouvernement de Calais, et vingt mille francs de pension, et deux cent mille francs de M. de Duras, à qui moyennant tout cela ils cèdent leur charge de capitaine des gardes du corps. Raisonnez sur tout cela, et voyez si M. de Duras ne vous paroît pas plus heureux que M. de Charost. Cette place est d’une telle beauté, par la confiance qu’elle marque et l’honneur d’être proche de Sa Majesté, qu’elle n’a point de prix[2]. Il ira à l’armée pendant son quartier avec Sa Majesté, commandera toute la maison du Roi. Il n’y a point de dignité qui console de cette

  1. 16. Le Bassan (Jacopo da Ponte, dit le Bassan, né en 1510 à Bassano, dans les États de Venise) faisoit entrer son chien dans la composition de presque tous ses tableaux. (Note de Perrin.) — « Monsieur de Laon dit que Mme de Sévigny est dans les ouvrages de Ménage ce qu’est le chien de Bassan dans les portraits de ce peintre ; il ne sauroit s’empêcher de l’y mettre. » (Tallemant des Réaux, tome V, p. 228.)
  2. 17. Dans le manuscrit : « Ces places sont d’une telle beauté… qu’elles n’ont point de prix. »